teux , peuvent sans doute faire reconnoitre des formations
de transition ; de même que , d’après les utiles travaux de
M. Brongniart, des pétrifications de coquilles bien conservées
indiquent quelquefois directement telle ou telle couche de
terrains tertiaires : mais ces cas , où l’on est guidé par des
substances disséminées ou par des caractères purement zoologiques,
n’embrassent qu’un petit nombre de roches d’une origine
récente 5 souvent des observations de ce genre ne conduisent
qu’à des faits négatifs. Les caractères tirés de la couleur
du grain et des petits filons de carbonate de chaux qui traversent
les roches calcaires; ceux que fournissent la fissilitè
et l’éclat soyeux du thonschiefer ; l’aspect et les ondulations
plus ou moins marquées des feuillets du mica dans les micaschistes
; enfin, la grandeur et la coloration des cristaux de
feldspath dans les granités de différentes formations, peuvent,
comme tout ce qui tient simplement à Yhabitus des minéraux
, induire en erreur l’observateur le plus habile. Sans
doute, les teintes blanches et les noires distinguent le plus
souvent les calcaires primitifs et de transition ; sans doute,
la formation du Jura, surtout dans ses assises supérieures,
est généralement divisée en couches minces, blanchâtres, à
cassure malle, égale ou conchoïde, avec des cavités très-
aplaties ( flachmuschlig ) : mais dans les montagnes de calcaire
de transition il y a des masses isolées q u i, par leur
couleur. et leur texture , se rapprochent des caractères oryc-
tognostiques de la formation du Jura; mais au sud des Alpes
il y a des collines de terrains tertiaires où ce même calcaire
fissile et mat du Jura trouve ses analogues ( quant à l’aspect )
dans des formations placées au - dessus de la craie, et qui
ressemblent au calcaire que l’on recherche pour les usages de
la lithographie. Si l’on préfère de donner aux formations des
noms tirés de leurs seuls caractères oryctognostiques, les divers
strates d’une même roche composée, dont l’épaisseur est considérable,
et que l’on poursuit très-loin dans le sens de sa di-
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rection ( Slreichungslinie ) , sembleroient souvent appartenir a
des roches différentes, selon les points où l’on en prendroit
des échantillons. Par conséquent on ne peut guère déterminer
géognostiquement dans les collections que des suites de roches
dont on connaît la superposition mutuelle.
E11 énonçant ces idées sur le sens que l’on doit attacher au
mot formations indépendantes, lorsqu’il s’agit du tableau de
leur gisement, on est bien loin de méconnoître les éminens
services que l’examen oryctognostique le plus rigoureux, l’etude
approfondie de la composition des roches, ont rendus à la
géognosie moderne, et nommément à la science du gisement
ou de la position respective des formations. Quoique, d’après
les découvertes de M. Haüy sur la nature intime des substances
inorganiques et cristallisées, il n’existe pas, à proprement parler,
un passage d’une espèce minérale à une autre (Cordier,
sur les roches volcan., pag. 33, et Berzelius, Noue. Sjst. de
Minéral., pag. 1 19 ) , les passages des masses ou pâtes de roches
ne sont pas restreints aux formations que l’on distingue généralement
par le nom de roches composées. Celles que l’on
croit simples, par exemple, les calcaires de transition ou les
calcaires secondaires, sont en partie des variétés amorphes d’espèces
minérales dont il existe un type cristallisé, en partie des
agrégats d’argile, de carbone, etc., qui ne peuvent être soumis
à aucune détermination fixe. C’est sur les proportions variables
de ces mélanges hétérogènes que se fonde le passage des calcaires
marneux à d’autres formations schisteuses. ( Haüy, Tableau
comparatif de la Cristallographie, pag. X X V I I , XXX.)
Toutes les pâtes amorphes des roches, quelque homogènes
qu’elles paroissent au premier aspect, les bases des porphyres
et des euphotides (serpentines), comme ces masses noires problématiques
qui constituent le basanite (basalte) des anciens, et
qui ne sont pas toutes des grünstein surchargés d’amphibole,
sont susceptibles d’être soumises à l’analyse mécanique. M.
Cordier a appliqué cette analyse d’une manière ingénieuse aux