jamais permis de déguiser un poison funeste,'
sous l ’appât séducteur et perfide d’une odeur
suave , et qui s’y trompe ne doit s’en prendre
qu’à des organes obtus et non exercés , ou
blâsés dès l’enfance par l’usage des alimens
trop sapides, et des odeurs trop fortes (1).
Telles ne sont pas ces peuplades sauvages,
de la Torride , abandonnées à toute la sollicitude
de la Nature. Les américains originels
(2), les nègres marrons, ou fuyards des
Antilles (5), sentent aisément par le secours
(1) Il y a des européens dont l’odorat est trèsr
délicat ; le sauvage de l’Aveiron flairoit tout ce qu’il
mangeoit. Un religieux de Prague disfinguoit, dit-on,
par la seule odeur, chaque personne qu’il eonnoissoit j
il appercevoit même celles qui étoient chastes de celles
qui ne l’étaient pas1 2 3 * ( Journal des sa vans 1684* ) En
effet, les hommes très-ardents en amour sentent,
comme on dit, le bouquin. Voyez Bordeu f Analys.
médic. du sang, p. 2o5; etc. Ce religieux composoit
un traité des odeurs lorsque la mort l’enleva. Cardan
a voit un odorat très-fin et sentoit toujours quelque
chose. (De Varigt. rer. p. 16.) On a dit que les personnes
douées de cette faculté étoient très-spirituelles.
(2) Dicrèville dans ï’Hist. de Pacad. scienc. 1708 >
p. 120 , le dit des acadiens.
(3) L e c a t, Physiolog. traité des sens, ib. pag. iS jy
d’après plusieurs voyageurs \ voyez Hennepin , Dumont
, Charlevoix , Rochefort, Lafiteàu , Bcmcrost t
de l’odorat , l’approcbe ou l’éloignement de
leurs ennemis ; ils devinent même s’ils sont
blancs ou hommes de couleur. On sait que
ces derniers répandent un exhalaison cutanée
, assez fétide et alliacée (1). Cette odeur
est même commune a presque tous, les ha-
bitans des contrées ardentes de lequateur,
et sur-tout aux noirs, soit qu’elle vienne
dès alimens échaufi'ans et odorans quils
emploient, soit qu’elle émane de la putréfaction
de leurs humeurs.'
; Cettelatitude.de l’odorat du sauvage, est
e n c o r e favorisée par la grande étendue des
cornets osseux de son nez (2). Elle est portée a
l’extrême dans les affections spasmodiques et
Ju b le t , etc., le témoignent de beaucoup de nègres
dé caraïbes. '' ^ <
(1 )P y r a r d , Voyag. part. 2, t. 2 , p. 58 et p. br *,
sur-tout les nègres J otofs. Béjpage du Pratz, Louisiane,
t. àr, p. 345- Chez les samoïèdes, cette odeur est rance
et dépend de la nature de leurs alimens. Klingstoedt,
Mém. p. 56. Corneille de Bruyn, Voyage 2e, t. 1 , etc,
•Consultez aussi Ldbaty Chanvallon, etc., c’est principalement
lorsque ces hommes sont échauffés.
• (d) Sommering, àie Corp. der neg. p. 22. Chez le
negre. Blumenbach, decas 1 , eraniorum diversar.
gentium, tab. 9 , les a trouvés aussi d’une grande
capacité dans un américain septentrional.