qui puisse remplacer les individus qui succombent,
soit qu’ils s’en dédommagent par
la faculté de régénérer leurs parties souvent
mutilées ou détruites , soit enfin qu’ils les
surmontent par leur multiplication de boutures?
La Nature, prévoyante et sage , a
donné une vie tenace à chacune de leurs parties
, au lieu de la placer dans un centre
unique, ainsi qu’elle Ta fait pour les animaux
vertébrés.
Ne résulte-t-il pas de ces causes fondamentales
, que plus lés animaux et les végétaux
sont exposés aux chocs destructeurs ,
plus ils jouissent de la faculté reproductive?
Et si le principe de vie peut se mesurer, se
calculer en quelque sorte, n’est-ce pas en
additionnant la force de reproduction, soit
partielle dans chaque organe , soit uni v e r-
selle, avec la puissance assimilatrice, base de
la première? Les corps Organisés: les plus
fragiles, les plus destructibles par la moindre
impression étrangère ; les êtres les plus débiles
et les plus voisins de la mort n’ont-ils
pas des moyens sûrs d’existence, soit par
leur propagation sans bornes, soit par leur
immense voracité? Ces moyens ne sont-ils pas
d’autant plus puissans, que ces êtres ont plus à
craindre les outragés de la fortune ? Si l’indi-
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Vidun’a que peu de force, l’espèce n’en a-t-elle
pas d’autant plus de vitalité ? Enfin, ne peut-
on pas dire que dans les espèces les plus
foibJ.es et les plus petites, la flamme de la vie
est aussi énergique que dans les puissans
colosses du règne organique ? Ainsi, la main
de la Nature, immortelle dispensatrice de
la vie, en épanche les trésors avec une égale
prodigalité sur le ver et le rhinocéros, sur la
mousse et le baobab. C’est elle qui crée les
petites espèces parasites qui nettoient la
surface du monde du superflu de ses productions
• c’est elle qui fait engourdir le ver,
périr l’insecte, émigrer l’oiseàu , lorsque
l ’hiver glace tous les germes de vie et suspend
cette exubérance de productions qui
leur servoit de nourriture inépuisable dans
le cours des plus douces saisons.
Tout être organisé ne peut se conserver
et se substanter que par des corps susceptibles
de v ie , soit qu’ils en aient éprouvé
l’impression, soit qu’ils n’y soient pas étrangers.
Toute substance brute, inorganique
est incapable d’alimenter. Il faut de la vie
pour soutenir la vie ; des organes pour
fortifier et pour remplacer ceux qui sont
affoiblis Du déformés. Le domaine de l’organisation
ne s’aliène jamais ; tout ce qu’il