H i s t o i r e n à t u r e e e e
a un degre excessif d’énergie 5 alors on ne
voit plus, on ne sent plus, on ne se meut
plus, on ne respire plus que par l’amour.
Souverain arbitre de notre destinée ^ il
plonge tous nos sens dans un perpétueLen-
chantement; nos jours sont tissus d’illusions
délicieuses,, notre ame nage dans un
torrent de voluptés mensongères , elle demeure
flottante, suspendue dans une ivresse,
un délire inexprimables. L ’éblouissement
dont le soleil frappe les yeux qui le fixent,
est la parfaite image des effets de l’amour sur
les coeurs.
I l est même facile de montrer que cette
passion naturelle est peut-être aussi obligatoire
que l’appétit de la nourriture, à
moins que l’extrême froideur du tempéra^
ment et l’imperfection du physique ne s’y
opposent invinciblement. Les hommes ,
mais sur-tout les femmes qui se dévouent
à une éternelle chasteté par zèle religieux,
contractent souvent une obligation au dessus
des forces humaines. La Nature s’y
refuse avec impétuosité ; l’action vitale fait
éclorre lés plus singuliers phénomènes de
priapomanie, ou de nymphomanie. Le plus
souvent même cette fureur érotique se communique
par la vue ou par le récit chez
des personnes très - irritables ét qui sont
dans une position analogue; elle se propage
comme une épidémie; elle devient une véritable
peste d’amour. Elle fait naître en
foule des hystéries convulsives, des extases
passionnées qui ne peuvent se soumettre
aux lois de la pudeur. Ce n’est plus cette
tendre affection d’amour qui enchaîne les
âmes de guirlandes de roses ; c’est un tourment
dévorant ,rd n g eu r ^é’est une rage
effrénée. Des nonnains de Flandres, dans
les scènes scandaleuses de leur érotomanie,
jet parmi leurs lubriques attitudes; entroient
en de tels accès de rage qu’elles s’entre-
mordoient ( 1 ) . Qui .ne connoît les con- 1
(1) Goulard7 Thesaur. t. 1, p. i 5o- i 54« i 5 8 ; des
jeunes gens qui s’introduisirent furtivement dans ce
couvent, guérirent cettç sorte de maladie , qui se répandit
dans 1? Allemagne et la Hollande, au X V e siècle,
et même à Rome, selon Cardan3:Sabtilit. 1. 4 , en
1535. On trouve une foule de semblables* passions hystériques
convulsives dans L an g iu s, Epistol. medic. ;
dans Beniveni , de Abdit. morbor. caus, ; dans Me-
ïanchton, Lpist. med. ; dans Peucerus, de Divinat. ;
dans Jïecquet, Raturai, des convuls. part. 2 , p. 112 et
§uiy. — Je suis très-persuadé que les effets dü mesmérisme
dépendoient <eu grande partie des mêmes
causes. Les hommes sont beaucoup moins sensibles à