autant de recherches importantes qui agrandissent
le champ de notre histoire naturelle.
Tous les peuples polaires ont des sens
beaucoup plus obtus que les méridionaux.
Chez ces premiers le froid racornit la peau;
il rend le tact très-grossier et d’autant moins
sensible qu’il est plus enveloppe par des
organes distendus de graisse ; en effet, les
habitans du nord’ sont toujours plus gras
que ceux de la zone enflammée. Cette épaisseur
de la peau qui les rapproche en quelque
sorte des animaux pachydermes, contribue
non seulement à l’ineptie ; à la torpeur
de leur intelligence, mais elle détruit
encore la finesse des autres sens. On sait combien
les odeurs les plus suaves sont dedai.-»
gnées de ces nations (1) ; quelques-unes meme
y sont insensibles. Ne faut-il pas etre de
bronze pour soutenir l’exécrable puanteur
d’huile putréfiée de baleine , et pour s’en
gorger avec délices comme font les samoïè-
(1) Les kamtschadales ne sentent nullement no»
eaux odorantes, ( Cook, Voyag. 3e, t 2 *, et plusieurs
autres voyageurs:). L a foiblesse du soleil , l’absenc»
de la chaleur ne permet pas aux substances odorantes
de naître dans le nord. Yoyez Petr. Sarvius ^
d* Odoribus, p. 4o,
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ides, les eskimaux, les kamtschadales, etc.?
Sans doute ces hordes barbares ont le goût
et l’odorat extrêmement blasés par l’usage
de la chair crue (1) ou pourrie des animaux
marins qu’ils dévorent avec une inconcevable
gloutonneriei Cette seule pensée soulève
le coeur aux hommes plus méridionaux.
Bien différent de ces races polaires,
le doux, le sensible équatorial recherche
toutes les odeurs avec une sorte de passion;
il respire avec délices le parfum des plantes;
il se pëi€e même la cloison du nez et le
lobe des oreilles pour y mettre des fleurs
odorantes, pour jouir Sans relâche de cette
sensation enivrante; Cet usage continuel des
odeurs l’empêche d’en éprouver autant d’éft
fets (2,) que les homraes du nord chez lesquels
elles sont inusitées. L ’action des odeurs 1
(1) Tous les animaux carnivores, par la même raison,
lie paraissent pas sensibles aux odeurs végétales \
ils ne vivent pas , d’ailleurs,. de plantes. Bujjbii f
t. a li 'éjte.' ■
Prosper Alpin, Medic. Ægjrpt. J. 3 , c. i 5 ,p. 107,
«dit. 2 J il dit même de^ égyptiennes : TJngeht vulvam
mosc/io -, ambai'o, zibeth&y ad corrigendumfoetorepi x
et ut coeuntibus concilient poluptatem. Seneque de
Vitâ beat. c. 2 , le dit de même des romaines; et
jtggber, lync. mexic. des américaines.
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