ils couvent leurs oeufs, ils ont soin de leur
progéniture, ils immolent enfin leur inde*-
pendanee et leur légèreté à la tendresse
maternelle.
En descendant cette échelle harmonique
de vitalité dans les animaux, les organes
s’amortissent , ils deviennent imparfaits et
languissans ; le coeur perdant de son activité*
n’arrose lentement le corps et les poumons
celluleux ou les branchies, que d’un sang
glacial et presqu’inanimé. Ici se montrent
ces .troupes immondes de reptiles, dont l’aspect
louche et repoussant n’offrie que des
formes âpres et hideuses* une peau plombée
et des écailles livides. Pétrissant lourdement
la fange empestée des marais , gonflés
de venins mortels, l’oeil hagard* étincelant
de rage, ils râlent'dans l’ombre de la nuit,
ils poussent du fond de leurs repaires des
croassemens rauques ou des sifllemens lugubres.
Après un accouplement très-long et
qui patoit extatique* ils abandonnent eu
parens dénaturés* leurs oeufs assez nom^
breux, qui éclosent quelquefois dans leurs
entrailles insensibles.;
A cette classe horrible, succèdent les poissons
qui sont, pour ainsi dire, les oiseaux
muets et voraces des ondes. Monstres écailleux
et turbulens de l’Océan , ou timides
habitans des ruisseaux, ils séparent entre
leurs branchies l’air que les eaux ont dissoutes,
ils parcourent de longues étendues à
l’aide de' nageoires flexibles. Souvent sans
accouplement, les mâles fécondent de leur
laite, les .oeufs innombrables, exposés sur le
sablé inondé des rivages, et confiés au hasard
et aux soins de la seule Nature.
lies dégradations insensibles du principal
type organique animal 11e s’arrêtent point
ici. U n nouvel ordre de corps d’une prodi-
dieuse variété remplit les séries successives
de l’animalité. I l n’existe plus dans ces dernières
vfles squelette vertébré et articulé. Le
cerveau moins délicat n’est plus protégé par
un coffre osseux; sa masse se. partage même
dans diverses parties du eo rps en ganglions
nombreux) il cesse d’être un centre, unique.
Ce n’est plus un sang rouge et brûlant
dont la source vivifiante, inonde et nourrit
le Corps *; c’est une froide humeur plus ou
moins blanchâtre qui parcourt avec lenteur
les différons organes. Bientôt le ooeur disparaît
dans les dernières classes, un bourdonnement
confus, ou le plus souvent une
ïriiâiU absolue remplace les acoens de la
voix; les sens sont restreints, leur nombre