lions, comme dans la recherche des alimeflg,
l ’assimilation, les sécrétions , le développement
successif , la reproduction , la génération
, enfin tous les sentimens aveugles et
impétueux qui jaillissant de l’âme , contre
la volonté même et les froides , les sordides
combinaisons de l’égoïsme.. Nous comprimons
trop la nature ; ellé est plus vaste que
le cadre étroit de nos timides conceptions*
Considérons-nous, au sortir des entrailles
maternelles, l’âme vuide de pensées,dénuée
de toute connaissance, mais déjà remplie
de la puissance de sentir, aspirant le plaisir
et fuyant la douleur. L ’intelligence pénètre
dans nous par tous les pores extérieurs des
sens, par lés impressions des objets étrangers
dont nous sommes les disciples. Mais un
sentiment conservateur , veille sans cesse
pour le maintien de notre v ie , et nous MâU
truit sous peine de la souffrance. Dépourvus
déraison, de connaissance, comnient avons-
nous appris qu’il existoit dans les mam^
melles de notre mère une liqueur nourricière
et bienfaisantë ? Comment savions - nous
qu’en les suçant, qu’en les pressant de nos
débiles mains , le lait réparateur couleroit
dans notre sein >? Comment pouvons-nous
reconnoitre sans autre secours que celui de
la
la Nature, ce qui convient le mieux à notre
Jrele existence ? Et ne faisons-nous pas déjà
retentir jusqu’au fond du coéur d’une mère
inquiète et soigneuse , l’accént plaintif de
nus peines , les clameurs répétées de la détresse*
ou bien le doux frémissement delà
joie,le rire innocent du contentement ? Comment
la mère se sent-elle attendrie par notre
douleur ? Çomment se sent-elle le besoin de
nous aimer, l’attention de nous soigner le
courage de nous défendre même au péril de
ses jours ? Comment a-t-elle appris à se pri-,
ver des douceurs du repos; et de l’indé-,
pendancé. pour s’attacher à notre foiblesse,
pour sq-complaire dans de si pénibles: fonctions
et. pour s’attacher à un nourrisson à
charge pour tout autrëque pour des entrailles,
maternelles ? Quel fruit peut-elle retirer de-
«es peines, quel dédommagement doit-elle:
en attendre? Philosophes, qui niez l’instinct
à l’espèce humaine , dites-moi quelle est la
source de ces sentimens de la Nature , quel
est le principe de ce saint devoir ?
Obsërvons cès jeunes infortunés délaissés
par des parens que l’honneur a rendus dénaturés
, barbares, sacrilèges | voyons-les.
exposés à tous les coups du sort, sans soutiens
et sans force dans toute l’impuissance
T ome I. s