requin, féroces persécuteurs, nés pour la
dépopulation et accumulant leurs victimes !
Les monstres marins envahissant l’Océan,
les tyrans des airs, les oppresseurs de la
terre insatiables de rapines ! L’insecte déchirant
l’insecte éperdu sous l’herbe, l’oiseau
multipliant sés ravages dans les forêts, le'vé*
nimeuxserpent, étouffant sa proie avec rage !
Ladévastation est continuelle et sans miséricorde,
soit dans l’omb re des nuits, soit à la face
du soleil, au sein de la terre, et dans les abîmes
orageux des ondes. Je vois la faux redoutable
du trépas se promenant tour a tour sur
toutes les fêtes, et sans distinction ; le souffle
empoisonné des contagions , moissonnant les
nations, les maladiès flétrissant les êtres
dans la racine même de leur vie. Là, régnent
les animosités nationales et les guerres meurtrières
; ici , la froideur destructive dés
hivers, les glaces des pôles dépeuplés, et
tout cé qui vit ne naissant que pour sten-
gloutir dans l’abîme de la mort, tout être
s’armant afin de s’entre-détruire, se pressant
de s’immoler; mutuellement, cherchant à
s’entre-dévorer, n’attendant ni la nécessité7,
ni la vieillesse j ne respectant ni l’âgé* ni
l’innocence de sa victime. Ailleurs j’examine
les végétaux offrant des poisons sous un
aspect perfide, le reptile se gonflant de colère
et de venins mortels, le règne minéral présentant
ses substance^ corrosives et délétères.
J’observe les élémens conspirant sans
cesse contre tous'les corps animés, l’air minant
sans interruption leur surface, et l’aliment
obstruant à la longue leur intérieur.
Tantôt je jette de tristes regards sur notre
terre jonchée de cadavres pétrifiés, et d’os-
semens de grands mammifères détruits dans
le nord , ou couverte de débris des coquillages
entassés et confondus par milliards
, de tant d’espèces disparues, et ces
forê ts, jadis ornement majestueux du monde,
aujourd’hui.ensevelies dans son sein. J’ap-
perçois l’Océan qui gronde et écume au loin,
qui submerge les êtres et morcèle les conti-
nens ; j’entens les volcans bouillonnant dans
les viscères, déchirés du globe, vomissant
avec fureur des torrens embrassés!, la défla-
gration des météores y les: tempêtes foudroyantes
dans l’atmosphère i enflammée 5
l’univers enfin éprouvant des convulsions
horribles j dçs angoises effrayan tes, s’écroulant
sur ses fondemens, et paroissant se
dissoudre avec d’épouvantables mugisse-
mens...... tout s?ébranle, s’arrache, s?englputit.
La Nature veille.....» tout s’arrête, 1