342 HISTOIRE n a t u r e l l e
bien n’auroit-il pas fait voir de courage et
de magnanimité, s'il n’eût pas -été, soumis à
cette barbare mutilation ! On sait que le
fanatisme arma la main, des prêtres assyriens
die Cybèle, pour se faire cette opération
dangereuse. Les seules contrées méridionales
offrent ces coutumes dénaturées , ou
plutôt ces attentats à la reproduction, par
les raisons mêmes qui sollicitent davantage
le genre humain à s’y livrer.
Il paroît que le genre humain seul est
sujet aux pollutions nocturnes, aü lieu que
tous les autres mammifères ne sont nullement
exposés à cette évacuation. La raison
en est sensible. Notre espèce, dans l’état de
civilisation, peut engendrer en tout teins,
parce qu’elle jouit d’une grande abondance
d’alimens, et que les deux sexes sont per-*
pétuellement rapprochés, ce qui augmente
les moyens de reproduction, et fn m u lt iplie
les désirs. D’ailleurs, l’imagination de
l’homme est plus v iv e , plus étendue que
celle des autres animaux, et son influence
sur les organes de la génération est très-
puissante. Dans l’illusion des rêves d’une
jeunesse ardente, la Nature tend, par un
effort continuel, à exciter, à stimuler le
sentiment de l’amour j et la femme même,
DU GENRE HUMAIN» 345
quoique douée d’une constitution plus delicate,
et de la pudeur, de cette ingénue compagne
des grâces, succomba cependant aux
doux prestiges d’un songe voluptueux.
Une passion qui paroît naturelle aux
hommes, puisqu’elle s’observe aussi chez les
animaux, la jalousie, est d’autant plus vive
que fl’amour est plus ardent ; elle devient
ainsi) 1e tourment du méridional dans son
harem , tandis que l’eskimau, le groenlan-
dais (i), offre au contraire sa femme à ses
hôtes étrangers.
Une multitude d’exemples, atteste, sans
réplique que les femmes n’ont pas toujours
besoin d’être réglées pour devenir fécondes.
Par une raison contraire, on a vu une foule
de femmes pléthoriques et sanguines continuer
de voir pendant leur grossesse. Dés
observateurs prétendent que celte remarque
est sur-tout applicable aux françaises méridionales
; mais aussi cette habitude devient
souvent fatale à l’embryon, dont elle suscite
(ï) L a p e y r è r e , Voyage, p. 176. E g è d e , Gronland,
îiist. tk>peïïWgi i y65 > ïn-8, p. 108. E lh s , Hudsons
bay. De T roïl, Lett. isl. i4 . Lam otraie, t. 2 , assure
le contraire,c. i 5.