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de l’injustice, quel coeur déchiré par l’infortune,
écrasé sous le fardeau des misères humaines
, opprimé par la tyrannie, ne peut
trouver un baume consolateur dans sa
sublime étude ? La Nature n’est-elle pas également
une bienfaitrice puissante et sage ?
N e ’remplit-elle pas de délices toute' la desr
tinéé dfe.celui qui écohte ses leçons ef qui suit
ses penchans ? N’est-elle pas autant un sentiment
qu’une aimable occupation, et ne
devient-elle pas en même tems le charmé rdu
coeur et le flambeau dé la penséè^CrÇbt elle
qui embellit tous les âges , qui orne tous, les
seXes, qui dirige; la conduite et régularise
toutes les actions avec; sagesse ; qui-, élevant
un temple à la vertu , énchaîne les; vices ejt
repousse les erreurs. Àh ! malheur à qui
méprise les saintes lojs plè la Nature ! il ne
connoitra jamais lé bonheur au sein inême
dé l’opulence et dès: grandeurs^et' é’est pour
les avoir négligées ou détruites par la corruption,
que tant de peuplés ont disparp de
la surface du monde ou sont tombés dans
un dédale inextricable de calamités. S t jious,
européens| qui remplissons la terre de nos
vaines, fureurs ; qui la couvrons de nos dçf
prédations et de nos brigandages 5 qi±i nous
armons de la foudre| qui ensanglantons le
î) 1 s c o tr R s. 13
glaive ? qu’avons-nous fait pour suivre la
Nature ? Nos écrivains moralistes font retentir
ce nom sacré dans tous leurs ouvrages,
Mais qui sait mieux reconnoître ses lois que
le véritable naturaliste ? car ne pensons pas
que.le moral soit autre chose que le physique
inaperçu par les yeux vulgaires. Les véritables
moralistes sont ceux qui se fondent
sur la Nature et la sensibilité ell^même(i),-
et non pas ces déclamatéurs stupides et bar-
bares qui balbutient une ténébreuse méta-
( i ) E ruîhmini ,-qui judicatis terrainti doit être répété
«ans cesse à tous ceux qui travaillent sur la morale ,
et qui la plupart ignorent entièrement les sciences
physiques. Oe n’étoit pas ainsi que îaisoient les anciens
philnéophe$.Tls furent fefa tnènièfëms exeéîleiis naturalistes
et profonds moralistes. Leur pretnière étude
éfeoit celle; des sciences physiques, et de la nature • elle
précédqit pécessabqmëut qh|ez e u y l a .carrière de la
recWehe de là sagesse, .et, ils. ont opéré de grandes
choses. Tels furent Pythagore, Démocrjte’, Epieure,
So c ra te ; P la ton, A risto teP l.u ta rq u e '^TH n e *
Sénèque, e tc :, et de rios jours' Pimmorfeï Bufion f
l’illustre J. J. Rousseau qui ètoit fcotï botànisté ei qui
n ’ignoroit pas les sraoûue4.j;lè saVaM' FfaneMin, Pe sage
Lpeke, C. Bonnet, lèbon Bernardin de St.-Pierré, etc.
qui. sont, les plus Utiles moralistes et philosophes
l q«°jqûe |)iusieips d?entre eps^ et srç-tont.le dernier»
aient avancé des opinions qu’on ne peut pas toujours
adopter ). ;