Ce n?est point au riche que s’adresse la
Nature. Cette mère bienfaisante, si avare de
ses trésors dans lés tristes grandeurs du
faste, les répand sans peine et avec profusion
dans le sein de l’homme simple ou du
malheureuxelle soulage encore ce dernier
par le rêve du bonheur ; elle fait de notre
vie un tissu d’illusions délicieuses. Lorsque
descendant au tombeau, nous rendrons au
réservoir de la nature la portion de vie que
nous en avons,reçue, du moihs, nous-flous
consolerons en pensant que notre corps alimentera
(fautresiêtres,Cque nous servirons
à faire accroître les blonds épis de Gérés, ou
que nous serons transformés dans le feuillage
des plantes, en pétales brillans des fleurs,
ou bien en nectar odorant et sucré pour la
diligente abeille et l’inconstant papillon.
. Ainsi n o u s : rie s omm ésq u edes r Oses passât
gères , qui brillons l’espace d’une aurore, et
qui sommes cremplacés par de nouvelles
productions. Ainsi nous ne sommes, à proprement
parler £ que fes Usufruitiers de la
v ie , de même que tous les êtres organisés ;
elle-pè nous appartient pas en propre J d’ést
laNature elle-même q ui^lapbsséde, e’es’t elle
qui la dispense,; c^est elle qui la revendique*
La vie n’est point partielle, elle embrassé
l’univers, elle se dissémine sans cesse et se
rassemble toujours. Nous sommes des particules
momentanées d’un grand tout. Foibles
instrumens d’un pouvoir immortel, immense,
nous qui foulons avec un,e joie insensée
cette terre toute jonchée et couverte des
ossemens de nos pères, nous qui folâtrons
sur leurs cadavres, en attendant que la mort
nous ensevelisse auprès d’eux , n’eât-il pas
mieux valu) embellir en silence tous nos
instans par notre bienfaisance envers les
malheureux et nos frères, et pratiquer les
vertus au sein d’uiie naissante famille et de
nos amis. Nous, turbulens audacieux, que
la mass ne du trépas va prosterner pour l’éternité*
dans la tombe, nous ne craignons
pas de nous livrer à d’insipides amusemens,
nous osons nous arracher mutuellement les
entrailles dans nos vaines dissension s , et
nous nous entré-tuons avec férocité pour
de ridiculeS^op^iniqns, plutôt que de nous
entretenir en paix du bonheur de la Nature j
lét admirer les charmes de-ises ouvrages^
Pourquoi cêsj[ totirtnens rongeurs qui nous
milieu t et qui nous dévorent sans cesse ?
Pourquoi cetfe insatiable ambition qui nous
porte à tous les attentats ? Riches, et pauvres^,
p uissans et opprimés, dominateurs et esclaves.