sur celle de l’homme originel, est trop utile
pour qu’on puisse la négliger. Tous ces êtres
sont mênïe plus ou moins susceptibles de
perfection, puisqu’ils sont nés imitateurs.
Des extrémités divisées en doigts flexibles
et délicats (i), recouvertes d’une peau très-
Sensible, et qui ne s’appuyant que rarement
sur la terre (2), ne deviennent pas dures et
calleuses comme les pattes des vrais quadrupèdes,
donnent beaucoup d’étendue et de
finesse au sens le plus sûr et le plus philosophe,
celui du tact. La peau de ces êtres nés
entre les tropiques , n’étant parsemée que
d’une villosité bien plus rare que l’épaisse
fourrure des animaux plus polaires, augmente
encore la latitude des rapports de cet
organe, dont aucun corps animé ne peut être 2
(2) Blumenbach, id. sect. II ; et ejusd. Institut,
physiolog. edit.2, sect. XIII. Buffbii, t. III et IV*
Helvçtius, de l’Homme, 1.1. Sur un homme sauvage,
Voyez encore Blumenbach, dans le Magasin de F~oigt't
band. IV, sliicq 3 , p. 91. Vom wilden Peter der, 1724*
Bey hameln eingefangen wprden, etc.
,(2) Les singes sont grimpeurs, et leurs mains leur
servent à cueillir des fruits ; ils vont assez rarement à
terre , où ils courent alors à quatre pattes. Fouché
d ’Obsonyille, Observât, philosoph. sur les moeurs d’animaux
étrangers, art, des singes. Paris, 1 / 83j in-dy
privé sans périr, puisqu’il perdroit la propriété
de sentir et de fuir les dangers.
Tel est l’homme sorti des pures mains de la
Nature. Agreste et barbare, il erre au gré de
ses désirs, en paix et en liberté dans les vastes
solitudes ; son ame est morte, ou plutôt elle
sommeille dans l’atonie et l’indifférence ; les
sentimens de son coeur sont assoupis. Rempli
d’insouciance et d’imprévoyance, tout sort
être se concentre dans le . présent. Il n’est ni
bon ni méchant 5 il ignore également le bien
et le mal, parce que, sè considérant seul dans
l ’univers, il ne peut connoître des rapports
qui ne se font sentir que dans les noeuds
d’une association.mutuelle 5 il n’a pas^encore
goûté le fruit de la science. Réduit à la, pure
condition animale , il n’est pas supérieur aux
êtres vivans qui l’environnent. Le toucher
et le goût, ces sens profonds de sa perfectibilité,
restent grossiers et imparfaits. Le froid
cuisant, ou la chaleur brûlante ont endurci,
desséché sa peau (1); des racines acerbes, des
(1) L a peau des nègres est biën moins fine, moins
sensible que la nôtre. V'andermonde, Essai sur per-
fect. esp. hum. tome I , p. 29. Voyez aussi Lorry ^
Morb. eut, sect I ) et Feçhlin , Michel, Scenime-
tin g i etc.