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la Nature sait revendiquer, ses droits mé-^
connus ; elle se révolte et les rappelle dans
les etrès abandonnés à leur propre indépendance.
Les différences légères, mais toujours
constantes, ne sont pas des varié tés ; celles-
ci.:. n’existant jamais lorsque leurs causes
productrices ont cessé, n’offrent que de
véritables espèces distinctes , quand même
elles produiroient entre elles dés individus
féconds. Mais ces jouissances adultères répugnent
aux organes ; elles sont réprouvées
par des sentimens antipathiques inculqués
par la, seule Nature : celle-ci ne se prête
qu’avec violence à des sollicitations étrangères;
el|e livre au glaive dpAa mort ÿ ou
laisse languir sans reproduction les fruits
déform és, les résultats vicieux de ces unions
monstrueuses. Si quelques-uns de ces produits
in fortunés échappent à une destruction
prématurée , s’ils osent brûler des feux de
l’amour, leurs générations successives: remontent
à leur type primordial. Ainsi la
Nature ne prostitue jamais la beauté de ses
ouvrages, et n’altère point constamment la
fraîcheur de leurs formes vierges et natives. »
L’amour ! voilà l’unique fondement de
la vie des êtres organisés. Celle-ci n’existe
que par lui, tous les corps que la Nature
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extrait de son intarissable sein ne respirent
fa flamme qui les anime que par cette seule
cause ? que pour cette unique fin. Eh , ne
voyons - nous pas l’animal et la plan te ne
recevoir la ; vie. que dans les entrailles de
l’amour i; Observons-les-ne prenant de la
nourriture et ne s’accroissant qu’afin de se
reproduire dans l’effervescence de l’âge. La
mort ne les arrache-t-elle pas a la lumière,
aussi-tôt qu’ils ne peuvent pjus s’acquitter
de ce>oeu, dp ce devoir de la Nature ? Tout
être-organique vole à la régénération de son
espèce ; plus il se reproduit , et plus il hâte
le terme de son trépas; plus il a de force
propagatrice , et plus i l , s’éloigne du tombeau.
Fraîches et brillantes fleurs qui
embaumez nos campagnes^ ,et vous, jeune
nymphevqui effleurez la terre d’une course
rapide ,, qui foulez en cadence la verdure du
printems , aux doux accens de la flûte rustique
! L ’heure de l’amour sonne pour vous;
la Nature vous appelle, hâtez-vous de jouir,
tout vous y convie, et votre coeur même vous
entraîne. . . . . . . Mais' hélas ! lorsque vous
aurez joui, votre destinée sera remplie ; la
main, la main barbare du Tems souillera
pour toujours vos attraits. Languissantes et
flétries, désormais la parque inexorable