T R O I S IÈ M E P A R T IE .
Si nous n’envisagions que ces catastrophes
terribles, la terre nous paroîtroit une demeure
d’infortune, un lieu de désolation et
de calamité. Si nous ne pénétrions pas la fin
que se propose la Sagesse conservatrice du
monde, nous ne verrions que la plus exécrable
institution dans celle d’un système
organique vivant; nous ne trouverions que
l ’intention de le former pour le briser, de
rendre l’animal sensible pour lui faire éprouver
mille tourmens, l’abreuvefcvde^douleurs ,
l ’écraser sous le poids de ses maux , et se
plaire avec barbarie à le reproduire perpétuellement
pour avoir la puissance de l ’immoler
, sembler enfin repaître ses regards
avec délice de ce spectacle atroce : niais je ne
reconnois pas la Nature à ces traits abominables.
J ’aperçois au travers HÉ ces Scènes
d’horreur une fin auguste et- sublime. La
mort sert a la v ie , elle est son fondement
restaurateur ;fet comment ne lui sétfoit-ëlS
pas nécessaire, si les corps bruts ne peuvent
alimenter? On ne peut vivre sans détruire
des corps organiques pour soutenir son existence.
Tout cet appareil de dévastation , oit
triomphe le trépas, ne présente-il pas cent
I sources de vie et de reproduction ? Les dé-
ipouilles mortellesdes!êtres organiques ri’en-
I richissent-elles pas le sol qui les engloutit ?
■ Leurs fu»éi*ailte'oùe":8ùstéilten t- elles pas la
i plante qui les pompe, le zoophyte qui s’en
■ imbibé/leiqtiadrupède quilés dévore? N’ob-
B serve-t-on pas plus dé "fié où il y à plus de
i mort, et l’équilibre n’est-il pas toujours inal-
■ térable autant què nécessaire5? Défende# du
■ glaive de la destruction, les végétaux et les
I animaux sans les priver de leur faculté
K propagatrieef n’encombreront-ils pas bientôt
K la tërre ? Pourront-ils trouver dë la noürri-
I ture sans se dévorer entrëux ? Plus sage
1 que nos vaines-vébmbinaisons et nos systèmes
1 inconsidérés, la Nature S’élève vers un but
i immense?,;éternel ; sa mobilité même est le
B principe de sa Constance^elle tend sans èésse
i à reconstruire, à vivifier ce^qué l ’empiré de
l ia mort lui enlève?; elle dutte avec effort
i contre son Usurpation. Tout; en effet, cons-
I pire à la production de la vie ; la flamme de
[ l’amour embrase tet le tigre féroce dans les
I; âpres rochers de la Guinée f et la' tendre
| colombe au sein des!bocages délicieux ; elle
aiguillonne lé reptile dans? la verte prairie ;
; et le poisson au milieu des ondes pures*
l’insecte sous l’herbe fleurie, et le végétal