Un état si prospère à la vie purement
animal, de voit augmenter bientôt le nombre
des individus au point de les obliger-, soit à
cultiver la terre, soit plutôt a chercher au
loin une patrie étrangère et des climats hospitaliers.
Remplis d’une tranquille indolence
et d’imprévoyance, les premiers habitans de
ia terre ne purent d’abord apprendre à fabriquer
des instrumens de culture, à confier
leurs alimens au sein des campagnes, incertains
de leur récolte , impatiens d’en jouir,
ignorans du succès, et fuyant lé travail et la
peine. Après avoir rempli les espaces habitables
des tropiques , Heur première demeure,
il fallut entrer sous un ciel plus
âpre , où la nature marâtre n’épanchant
jamais ses dons avec abondance, forçôit a
recourir à l’usage du feu (j), et aux proies
et sur son plateau élevé; il s’est répandu de là sur
-toute la terre. Le seigle , i’orge sont spontanés dans la
Sibérie , selon Heinzelmann>:et c’est peut-être là cette
officiva gentium dps anciens ; mais à présent elle est,
dépeuplée.
plusieurs peuples ont d’abord vécu sans feu. Lea
phéniciens, Sanchoniaton, dans Mus^b. praïp. ev. p. 34'*
Les égyptiens, Diod- Sic.1,1, Les perses, B an iër& xpL
tdes fables,, t. I I I , p. api. Les [grecs, Hiod. !j. V.
P lu ta rch .< l..ll, p.fib. Pcvuwnias, & II > c. 29. Los
animales (1) qui nécessitèrent l’exercicé
continuel de la chasse et de la pêche. Bien
moins productif que la vie frugivore j
exigeant plus d’étendue de terrain pour
nourrir un nombre égal d’individus (2) , ces
genre d’existence rendit l’homme féroce en
l’obligeant d’être carnivore.il s’arma bientôt
contre son semblable «pour lui disputée une
pâture rare et difficile ; la guerre teignit de
sang humain ces terrains sauvages (3). Les
premières victoires , énorgueillissant les
triomphateurs , allumèrent dans le coeur
des vaincus , d’immortels sentimens de rage
et de vengeance, et des haines d’autant plus 1
chinois, M artin i, Chin. t. I , p. 20. D’autres nations.
Vitruv. 1. II. Pompon. Mela, Sit. orb. 1. I I I , p. 296;
même de nos jours, Hist, génér. des voyages, t. II
p. 229. Hornius , Orig. amer. 1. I , c. 8 ; 1. I I , c. 9.
Charlevoix, nouv. France. t. I , p. 4° , etc. P. Gobien,
Hist, des îles Philippines, in-12.
(1) Voyez le beau dise, de Plutarq. trad. dUAmypt,
t. II ; refait par J . J. Rousseau f Emil. 1. 1 , contré la
Vie animale.
(2) C’est pourquoi ces pays sont pen peuplés,
Comme l’Amériquè. Charlevoix, 1 .1. L afiteau , Moeurs
des sauv. t. I et II. G um illa, Orenoq. t. II. Patiw.
Rech. t. I. D anipier, Voyag. t. I I I , etc.
(3) Hobbes j de Cive, tf. 1 ; dit que l ’homme est
naturellement guerrier