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Puisqu’on ne doit sevrer (1) l’enfant; qufa
l ’âge indiqué 'par la Nature , | c^est-à-dire,
lorsque les dents sortent de leurs alvéoles;
nous pouvons |considérer ? cette opération
comme un effort, une fonction tres-natu-
xelle. La vie prend alors une force d’accroissement
plus énergique ; mais elle 11e devient
dangereuse pour un etre aussi délicat , que
par l’indiscrétion de nos soins, par un genre
d’existence trop débilitant, et sur-tout par l’excès
de là nourriture dont on 1 e suffoque. Rien
ne marque mieux l’importance de ce travail,
que les sympathies qui se manifestent alors
avec tout le canal intestinal, par des diarrhées,
des convulsions, etc.; la prudence n’exige
en ce moment de crise et de douleur, qu’une
grande circonspection dans l’hygiène, puisque
l’enfant ne devant plus tetter , n’a pas
encore la force de broyer des alimens solides.
C’est alors qu’une diète modér'eé^ést convenable,
et c’est ce que montre ta Nature par
des maladies gastriques. Les animaux com-
! (1) Le P. doé Santos, Hist, de l’Ethiopie orientale,
trad. fr. Paris, 1684*,*ïh-1 ^ dit qüe les llommeS ÿ bht
des niamriielles remplies de lâit, pour suppléer à celles
des femmes trop fécondes pour noürrir leurs enfans ;
Ceci n’est- nullement vraisemblable.
mëncent
mencent alors à quitter leurs petits, et lie
leur donnent presque plus la pâtée. Avant
que la fôiblesse de ceux-ci ait fait place à
la force et à l’industrie née du besoin , ils
;jeffhdnt souvent, et le but de la Nature se
trouve rempli. Il n’est rien sur la terre qui
influe davantage sur la santé des êtres, que
la nature des substances desquelles nous
tirons les élémen.s de notre conservation ;
nous avons montré ailleurs que cette partie
de la médecine, l’hygiène étoit son plus solide
et son plus essentiel fondement.
| Commençant et finissant notre vie par
la douleur* il semble que nous ne naissions
que] pour souffrir. Malheureux dès sa naissance
, l’enfant est entouré *, comprimé ,
étouffé; de langes, d’entraves de toutes
sortes, au lieu de laisser développer en
liberté séS. petits et débiles membres, qu’il
n’a pas la • force de se démettre ou de se
casser. Déjà^esclave au berceau, comment
deviendra-t-il un homme $jsi ces funestes
impressions de servitude, d’injustice et
d’oppression , ont flétri dès sa racine son
ame innocente et pure ? O combien ces senti-
mens prématurés à la "raison ont d’empire
sur nos âmes ! nous conservons jusqu’au
tombeau les chaînes dont 011 a chargé notre
T o m e I. A a