dans ses institutions sociales et dans sa mo^
raie , plus il y à de beauté , de noblesse
d’élégance et de grâces dans les formes des
individus qui le composent. Sera-ce au milieu
des sombres déserts , de ces terrains
scabreux, écorcbés f et de ces roches raboteuses
de la brûlante Afrique ? sera-ce dans
les agrestes solitudes , sur les plages rigoureuses
de la Sibérie, tyrannisées sans interruption
par une déchirante froidure , que
naîtra la beauté? Etablit-elle son séjour sous
: dés cieux d’airain? Ne se plaît-elle pas plutôt
au sein de ces voluptueuses contrées , et
dans ces campagnes tempérées et fertiles qui
occupent des espaces intermédiaires 2 Son
berceau fut toujours placé dans l’Europe
méridionale (1) et dans l’orient. La laideur
née dans les températures extrêmes s’adoucit
d’elle-même, et sans mélange, sur une terre
moins marâtre, comme la beauté §e flétrit et
meurt sur un climat inhospitalier , soit de
glace, soit de feu. Tel un jeune narcisse
qui élève ses ileurs éclatantes dans la verte
(i) Winkelmann, Hist. de l’art de l’antiquité , t. 2 >
1. 4 , c. i , a tien aperçu la puissance des douces températures
sur le corps liumain , et sur la perfection da
sesformes.
prairie, au sein de la rosée ; qui, s’abreuvant
avec délices d’une douce et pure lumière,
voit allumer le flambeau de son hyménée.
Si le vent du nord apporte une froidure
glaçante, ou si l’astre du jour lance les
brûlans rayons du midi , on voit sa tige languissante
et desséchée incliner sa belle tête;
bientôt fanée, amortie, elle ne s’admire plus
dans le crystal des fontaines, le papillon ne
s’enivre plus de son nectar, et l’amour sent
éteindre ses feUx et trancher le fil de sa vie.
Imm orteile et brillante Grèce ! chez vous
s’éleva jadis, dans les âges de votre splendeur
et de votre gloire, une florissante jeunesse^'
ornée de tout l’éclat de la beauté et
de tous les attributs de la vigueur. C’étoit
au sein de vos gymnases, où l’exercice de
la force s’allioit à la noblesse et à la grâce
du port , où la figure d’Apollon s’unissoit à
la robuste complexion d’A lcide, qu’on la
Voyoit déployer en liberlé ses membres
souples et musculeux. Idolâtres de la beauté
( î ) , vous ne la flétrissiez pas sous les
(ï) Selon P au san ia s, 1. 7 , et 1.9 , les grecs a voient
«ne estime suprême pour la beauté. Herodot. 1. 5 ; et
Èustath. ad Iliad. T. p. u 8 5 , rapportent qu’ils lui
élevoient des statues, des autels, des temples, et qu’ils-.