s 6 o h i s t o i r e n a t u r e l l e
rapproche encore, indépendamment de leur
climat brûlant , des timides animaux herbivores,
tandis que le tigre ,1e lion , etc., sont
d’autant plus indomptables et plus féroces,
qu’ils sont plus exclusivement carnivores.
Par une simple raison hygiénique,
qui est devenue une opinion religieuse, et
qui s’est répandue même dans nos climats,
les législateurs de l’orient défendoient sagement
l’usage mal-sain des viandes molles et
faciles à se putréfier, à cause de l’ardeur du
soleil qui consume ces contrées (1). En effet,
l ’qsage de ces nourritures peut y causer des
maladies cutanées , et ;celles-çi doivent leur
fréquence dans toutes les régions brûlantes,
à l’abus des alimens animaux. Selon Gleyer,
difficilement la chair, à cause de la grande faiblesse de
leur estomac ; c’est pourquoi ils la prennent dans un
état de demi-putréfaction, afin qu’elle se dissolve plus
aisément. Les nègres mangent la viande tqute pourrie.
L a b a t, Ethiop. t. i , p. 67. Les siamois n’aiment les
oeufs que lorsqu’ils sont couvés. L a Loubère, Voyag.
t. 1, p. 140, la chair se mange putréfiée à Aracan.
Gervaise, Siam. p. iû5.
(1) Aux hébreux, selon le Lévitique, c. 2 , sur-tout
pour les poissons cruds, versets. 9 et 1 ©.Aussi enEgypte,
AferoÆEuterp. Plutarch. &ymipos. 1. 8 ; quæst. 8. En
Lydie , V zrra, Rei rus tic., 1. 1 , etc.
DU GENRE HUMAIN. 2 6ï
ï’éléphantiasis des javanais est dû à l’ich>
thÿophagie ; la lèpre égyptienne a la même
cause , suivant Prosper Alpin ; il paroît
même qüe le nord n’est pas exempt de ces
maux rnM
Les viandes sont bien plus nourrissantes
(2), de même que les végétaux, dans le
.midi que dans le nord. En général, la nourriture
de poisson ne présente pas une subsistance
aussi réparatrice que la chair des
animaux terrestres (3). C’est pour cela que
l ’ichthyophagie ne convient ni aux athlètes,
ni aux soldais, ni enfin à tous cejrx qui sont
occupés laborieusement, et fatigués continuellement,
mais elle est salutaire aux personnes
délicates et valétudinaires (4). La fécondité
des peuples qui en vivent est due 1 2
(1) Strom , Hist. Sondmoræ Norweg. D eb es,
Steller, etc.
(2) Senac, de Rècondit» febr. natur. 1. 5 , c. 4 1
p. 227.
(5) Ludov. Nonnius, de Ichlliyophagiâ j Antverp.
1616 , in-8, p. 3o.
‘ (4) Galenus, de Aliment, facult. I. 5. c. 29. Par
cette raison les rhodiens regardoiënt comme efféminés-
ceux qui se nourrissoient de poisson. Æ lîan u s, Variar.
histor. 1. 1 ; et lés romains de même, dans le tems de la
vigueur de leurs moeurs. Columelle , 1. 8 , c. 16.