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divers autres barbares du nord, qui dévorent
crue la chair des phoques (1) et des; ours (2),
qui s’abreuvent à longs traits de l’huile fétide
de baleine (5), dont le pain journalier est
formé de poissons enfumés et desséchés au
soleil (4),ou même putréfiés dans des fosses (5}j,
que tous ces peuples rudes et farouches,
dis-je, soutiennent, meme sans feu, l’excès-
( ï ) L e Walross selon l’Allgcm. histori dey reisen..
X X Band. p. 291.
(2) Hoegstroem , om Lapmund. p. 209. Aù poîe sud,
près du détroit de Magellan, oh dévore aussi les animaux
marins qui échouent sur les côtes et s’y putréfient.
, (5) B llis j Voyage à la baie d’Hudson, t. 2. A n *
dersôn, Islande , t. 1 , p. 120 et 251. Debes, Farpens.,
p. 278. Peyrère, Relat. Island. p. 8. Tous ces peuples
Ae Vivent presque d’autre chose que de poissons, meme
pourris.
(4) Isbrand-ides , \ oy. p. SS |«RéeUeïl de voy. au
aiord , p. 8 ^ l’écrit des ostiaques ; aussi chez les tartares
Uogaïs, selon Lamotraye, t. 2 , c. 3- L a Boutargue ,
ou le Caviàr, si employée dans les pays de la dépendance
du rit grec , est un aliment commun, mais détestable
selon Tournefort, Voy agi au levant > t. 1 ,
p. qSi. Ce sont des oeufs d’esturgeon en putréfaction.
(5) Chez les kamtschadales, selon Krascheninnikour
et Steller, Waschtum, p. 40. Busching, Géogr. t. 1 ,
p. 5 ro, trad. fr. Coxe trad. de Muller, découv. des
russ. p. 3g , 160,180.
Ai Ve rigueur des frimats et de la froidure.
Légèrement couverts de quelques peaux de
quadrupèdes, d’oiseaux ou même de boyaux
de poissons, ils laissent beaucoup de parties
du corps dénudées à un air glacial et déchirant
pour des européens, et qui tueroit sur
le champ un équatorial.
Ces différences de nourriture partagent
donc le genre humain en deux parties distinctes
; les carnivores aux pôles, les frugivores
sous les tropiques j différences qui se
nuancent, se mélangent, se confondent à
mesure qu’on va de l’équateur à chaque
pôle. Le français est plus carnivore que l’espagnol
et l’italien3 mais l ’allemand qui l’est
plus qu’e u x , est surpassé à son tour par
l’anglais, qui lé cède au tartare, etc. La
force du corps suit ordinairement cette
même gradation; mais quel estomac, sous
les zones brûlantes, pourroit se gorger de
la chair coriace et pesante des phoques, de
la graisse rance des cétacées, sans périr de
pléthore au lieu de se fortifier ? Qui ne permettront
à l’eskimau glouton que les fruits
délicats, rkfraichissans et légers du midi,
le feroit expirer d’inanition, quelque quantité
qu’il en mangeât.
C’est donc la température qui règle la