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vaux de ]a culture (1) et les peines de la
maternité, dont elle est seule chargée; et
parmi les nations polygames, elle n’est considérée
que comme une propriété et un instrument
de volupté dont on se sert et qu’on
rejette lorsqu’il devient inutile (2). Ainsi, la
plus belle, la plus douce moitié du genre
humain est immolée aux plaisirs de l’autre
par l’abus de la puissance.
La Nature , qui demande la plus grande
reproduction possible, n’a pu établir l’indis-
solubilité du noeud matrimonial ? ni même * 1
in-4. Cantwell, Hist, des femmes, depuis la plus haute
antiquité jusqu’à nos. jours, (trad, de l’angl.), Paris,
j 793, in-12, 4 vol* Desmarcfrais, Guin. par le "P.
JLabat. D en y s, Amériq. Leclerq, Gaspesie. Lery f
Brasil, etc.
(1) A la Chine, qu’on a tant louée pour sa politesse,
les paysans àttèlent léurs femmes àla charrue; voyez le
Voyage de Macartney, en Chine, trad, franç. t. 2 ,
chap. 2. -
(2) Les côdes religieux de l’Asie ont rendu la femme
esclave ; voyez le Zend A vesta dé Zoroastre, 1 .1 ; le
Coran , trad, de Savary , t. 1, c. 4» vers. 38; les écrits
deCoq/hczws,etc. Les femmes stériles sont l’opprobre de
l’époux, et deviennent ses servantes dans l’Asie. Les
athéniens, qui êtoient bigames, avoient aussi ce sentiment.
Selon Tacite, parmi tous les barbares, les
seuls germains étoient monogames*
la monogamie, excepté peut-être dans les
pays froids. La femme P outre ses teins
de grossesse, d’allaitement et de menstruation,
qui sont le plus souvent nuis pour de
nouvelles reproductions, est ordinairement
moins long-tems féconde que l’homme : elle
est plus souvent sujette à la stérilité (1) que
l ’homme ne l’est à l’impuissance et à la froideur
; l’homme peut , d’ailleurs, dans le
cours de quelques journées, féconder plusieurs
femmes. Il paroît donc que la polygynie
naturelle , différente de la polygamie
civile (2), est conforme à notre constitution
(3). Celle-ci a toujours existé dans les
régions brûlantes (4) du midi, où les femmes
sont moins fécondes, mais plus nombreuses
qu’au nord (5) , où la monogamie produit 1 2 * 5
(1) Louis de Serres, Traité''de la stérilité des femm.
Lyon, 1625, in-8. Hèucherus, de Sterilit. part. 1.
'Roderic a Castro , et Israël Sp aak , Collect,, etc,
(2) Lyserus , dè Polygam. — Theophil. Aletheus
( Pierius Valerianus} , Polygamia triumphatrix, édit,
houv. ( augmentée par Tollius'), Lond. 1682, in-4.
• (3) Arisiotel. de Admirabil. auscult., dit que les
premiers hommes de la terre étoient polygames.
- (4) Sëldenus a approuvé que la polygamie avoit été
eh usage chez toutes les nations de la tèrre.
(5) Chanvallon, Voyag. Martiiiiq. p.6g, a vu qu’il y