4 0 0 HISTOIRE NATURELLE
royaume habitée par les maures étoit jadis
excessivement peuplée, parce que cette dernière
nation, dit-il, livrée sans mesure à la
sensualité, se multiplioit par-tout avec la
plus grande abondance ; au lieu qu’avant
leur arrivée, ainsi qu’après leur départ,
l ’Espagne resta dépeuplée.
La population générale des nations de la
terre, qu’on a cru pouvoir estimer à un
milliard d’individus (i), se met toujours en
équilibre, non seulement avec le produit
des terrains qu’elles habitent, mais sur-tout
avec l’excédent de ce produit qui en est le
régulateur (12). Ainsi l’espèce humaine est
clair-semée vers les pôles stériles, et nombreuse
sous les tropiques opulens en proindividus
foibles. L a fable donne soixante-douze enfans
mâles à Hercule -, l’écriture attribue soixante-onze fils
à Gédéon; et soixante-douze au roi de Samarie, Acbab*
Cependant les habitans du midi, très-voluptueux, sont
proportionnellement moins féconds que ceux du nord *
plus chastes.
(1 ) W i l l a c e , Dissert, hist, et polit, sur la popul. des
anç. terns, trad. fr. Paris, 1769, in-8, p. i 5. Thomas
Tèmplemann , a New survey of the globe , etc.- Biel-
fo ld j Inst, politiq. p. 5o8 , t. 2.
(2) W à lla c e , ib. p. 19. Moheau, Rech. sur la pop.
de France; Paris 1778, in-8 , 1. 1, p. 12.
ductions
ductions de toute nature (1). La forme des
gouvernemens, et l’influence des richesses,
commerciales, sont encore des leviers puis—
sans qui agissent sur la population. Comparez
en effet la Pologne fertile * et déserte
avec la Suisse pauvre, mais regorgeant
d’habitans ; mettez dans la balance les hollandais
eommerçans et nombreux, avec la
Russie indigente et dépeuplée , et l’on se
convaincra que la grande population, cette
véritable base de la puissance et de la félicité
des états, suit les gouvernemens tempérés
et l’industrie dés nations, qu’elle rend florissantes,
et de la félicité desquelles elle est,
pour ainsi dire,' lé thermomètre. Lorsque
tout homme trouve à se nourrir et à vivre
quelque part sans contrainte, il produit des
membres utiles à l’état. L’argent sans les
denrées et la fertilité territoriale, laisse les
contrées désertes et abandonnées, comme le
montre l’Espagne. Plus la terre est Cultivée,
plus elle permet le développement de la
, (1) Forster, Suppl, au 2e voyage de Cook, t. 5 , p. 260,
céf qu’on doit, attribuer à la polygamie, en grande
partife. Des auteurs ont cependant prétendu qu’elle
étoit très-dépopulatrice ; voyez Trans, pbilos. t. 27 ,
p. 186 , par Arbuthnot.
T ome I. C e