8o D I S C O U R S .
le même sépulcre vous attend $ cette Nature
que vous méprisez sera bientôt elle-même
vengée de vos fureurs.
L’existence individuelle* si passagère et si
constante dans chaque espèce des corps organiques
, s’immortalise en se renouvelant
sans cesse. Il a fallu, sans doute que nous
fussions nécessaires dans cet immense système
de l’univers, quoique nous ne puissions
en appercevoir le but. Instrumens foibles
et périssables , ressorts momentanés employés
dans la machine compliquée du
monde, que sommesmous dans l’immensité
des opérations de la Nature ! que faisons-
nous dans le cours incommensurable du
Tems ! Quelle peut être notre destinée, et
pourquoi sommesmouS jiainsi que tant d’autres
animaux et de plantes, tirés du néant
pour nous y replonger ! Que de milliards
ont déjà succombé, que d’autres succomberont
encore ! Mortel qui te crois le rival
de la Nature, lève les yeux vers ces grands
objets de méditations éternelles, et considère
ensuite ces liens frivoles *et passagers? $ ces
attachemens périssables^^qtte vaine fumée
de gloire qui t’enivre, cette pompe puérile
dont la vapeur t’étourdit: pofrie de. tristes
regards sur ces centrées désertes e t :• silencieuses
b i s fl o ti si tft
lieuses , jonchées de ruines superbes, de
temples jadis pleins de majesté, d’arcs de
triomphe mutilés ; vois ces palais en proin
aux ravages, ces déplorables débris que les
siècles dévorent dans la solitude ; regarde
enfin ces prétendues grandeurs, ce sceptre*
ces empires que le Tems moissonne et ensevelit
5 cet encens enivrant et funeste que
l ’adulation prodigue, et auquel%i sacrifies
ton repos et ton bonheur 3' et ose désormais,
abandonner l’étude sacrée de la Nature, la
vertu qui l’accompagne et qui t’élève au-
dessus de ces considérations vulgaires, qui
te rend contemporain de tous les âges par la
pensée, et le scrutateur de l’univers. Puis-
tsé-je ne pas achever la carrière que je commence,
sans devenir utile à mes concitoyens,,
|et laisser dans leur coeur, quand je 11e serai
plus, l’honorable mémoire de mes efforts ®
pause prévoyante et suprême qui forma
Icet immense univers ! Mère immortelle de
lia Nature ! Je te reconnois dans l’organisation
de l’insecte et de l’herbe que je foule
Isous mes pas, comme dans; le disque .era-
tbrasé des soleils , dont tu parsemas la vaste
latitude des cieux. Je me pénètre, dans la
contemplation de tes ouvrages, de la sagesse
ineffable qui préside à leur création 5 je 1^
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