tendres fougères, foibles mousses qui protégez
contre le froid les poussés naissantes^
et vous enfin, étonnantes familles de cham- '
pignons et de moisissures qui fermez celte
immense série, de combien d’agréables recherches,
d’amusemens tranquilles , de plaisirs
innocens et purs n’étes-vous pas l’objet !
combien de fois vous charmâtes les instans
du botaniste ! O Nature, toi seule peux
remplir de bonheur les âmes tendres et
aimantes; c’est toi qui détournes le coeur
de la corruption et des vices, et tu cicatrises
par tes aimables attraits, toutes les plaies de
l’infortune.
Quoi de plus digne en effet de captiver
nos regards que le touchant spectacle de
la terre se déployant devant l ’homme dominateur
dé sa surface. Là, sous l’ardeur de
la Torride enflammée, des climats fortunés
se couvrent d’une parure éternelle, se surchargent
de mille fleurs amoureuses ; des
bocages odorans et frais n’ont jamais ressenti
l ’outrage des hivers ; mille oiseaux se colorant
des plus vives nuances, traversent les airs
ou font raisonner les forêts de leurs chants
mélodieux ; des quadrupèdes plus légers
que les vents bondissent en liberté dans les
plaines, et des poissons argentés se jouent
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au milieu de l’écume des ondes; tout y est
animé, tout y respire le feu de la vie. et de
la volupté. Dans d’autres lieu x , quels chan-
gemeu^.JUi%eyufi,s’attristp'.sur une terre, âpre
et désplée sous la rigoureuse tyrannie des
frimatSj qui la couvrent, sous le ciel brumeux
qui l’oppresse. Ses montagnes glacées
qui fendent les nues, ses noires forêts et ses
tristes sapins , des frêles arbrisseaux, des
plantes sèches ^et rampantes , des animaux
stupides et farouches dispersés par la faim
dans ces plages désertes, séjour des orages
impétueux, n’offrent que la sombre image
de la mai j § É de la mort,
Combien qe trompe celui dont l’ame attiédie
n’aperçoit dans la connoissance; dans
l’observation des êtres animés qu’une sèche
et triste, nomenclature, ou qui 11’y voit
qu’une stérile étudeî Non, aucune science
n’expose de plus grands trésors de merveilles
aux yeux de l’hornme ; la Nature remplit
de sa puissance tout ce qui existe dans l’univers
; sa main distribue la lumière au soleil;
elle verse Ihnépüisable fertilité sur la terre,
elle dispense pvec exubérance les fleurs au
printems , l ’ajpour et la vie à tout ce qui
respire; on ne peut échapper à ses bienfaits.
Homme ingrat, lorsque tu la fuis, homme