
Tonquin, cette dernière contrée produit la meilleure soie de l’univers, et
elle est maintenant presqu’inconnue à l’Europe, qui en importait autrefois
des parties considérables. L’usage de la soie fut introduit dans ces
îles par lès Indous, et non par les Chinois. Autrefois Anvers fabriquait
des soieries, le commerce de l’Inde pourrait ranimer ce genre d’industrie.
L opium a toujours été un article considérable d’importation; c’est le
Bengale' qui le fournit presque totalement ; sa culture y est un monopole,
la vente de cette denrée se fait publiquement à Calcutta, deux fois par
an, aux mois de décembre et de février. Nous avons déjà fait observer
que la prohibition de l’opium serait un bonheur pour l’archipel indien.
L’histoire de l’introduction de l’opium turc est d’un certain intérêt
sous le rapport commercial. D’abord il y eut un fort préjugé contre
cette denrée; en i 8i5 les fermiers chinois contractèrent pour en
fournir quelques colis , au tiers des prix de celui du Bengale; ils en
fournirent ensuite un quart; en 1817, ils en fournirent la moitié et
£n 1818 les trois quarts de leur fermage.
Le the' a été' introduit des les premiers tems du commerce chinois
avec l’arclnpel indien. Le principal port d’exportation est Emoy, il
coûte 8 «/„. de piastre le pikol, ce qui est 5o pour cent moins cher
qu’à Canton. Les bénéfices du détail à Java sont 200 à 3oo pour cent,
sur le pris d’Emoy. Dans les premiers tems du commerce des'
Européens, l’archipel indien expédiait le thé en Europe. Cette boisson
n’était pas connue à l’époque de la domination portugaise. Il paraît
que les Hollandais ont commencé à la mettre en usage à Bantam;
les Anglais la connurent au milieu du 17« siècle. Lorsque les Anglais
quittèrent Bantam en 1686, ils achetèrent le thé à Surate et à Madras,
ou il était apporté par des jonques qui fréquentaient Bantam.'
Cet état de choses continua jusqu’au commencement du 18e siècle,
alors les Anglais trafiquèrent directement avec la Chine. L’Europe
consomme maintenant 27 millions de livres de thé par an, dont 22 millions
en Angleterre. Les États-Unis d’Amérique en consomment 25 millions
IMPORTATIONS. 1 7 1
de livres. La Chine est le seul pays de la terre qui produise le meilleur
thé, celui du Japon lui est inférieur, on l’y plante dans les haies des
champs, sans lui d o n n e r la distance dont il a besoin. Les thesde Xonqum
et de Cochinchine, sont de qualité commune et seulement en usage
pour le peuple. Le thé noir proviént du nord-ouest du Fokien et le thé
verd vient du Kiang-nan, dans le voisinage de la ville de Wé-chou-fou.
Le Fokien est isolé du reste de l’empire, par une chaîne de montagnes.
C’est dans leurs vallées appelées Bou-yé, que croît le thé noir, de là
vient son nom anglais de thé boa. Il y a 320 milles de distance entre
les limites de la culture du thé noir et du thé verd. Canton est le seul
entrepôt où les Européens achettent cette production, le thé noir y
arrive par mer, par canaux ou par des porte-faix. Le thé verd vient
d’une distance de 700 à 800 milles anglais.
Mr Crawfurd établit ensuite un calcul comparatif qui prouve que
le thé noir, au lieu d’être exporté par Canton, arriverait à la ville
maritime de Tcliou-chou-fou, par un voyage facile de 4 jours, sur
la rivière de Min.
Le thé verd se transporte encore plus facilement à la côte, par
l’Yan-che-kiang, l’une des plus belles rivières de l’empire. Il arrive à
ces mêmes marchés du Fokien, dont les peuples sont renommes par
leurs expéditions maritimes. Au lieu daller a Canton en i 5 jours, le
thé pourrait venir directement à Java, dans le meme espace de tems.
ftp Crawfurd termine ses observations en démontrant qu’une jonque
chinoise, importe le thé avec 4^ pour cent de profit sur un navire
européen.
Nous ajouterons à cette liste d’exportations, les farines dontM" Crawfurd
et Radies n’ont point parlé, les Américains se sont emparé de
ce commerce qui exige des préparations pour les exportations au-dela
de la ligne. Aucun pays n’est plus favorable que la Belgique pour ce
genre de commerce. Les procédés préparatoires sont d’une exécution
facile parmi nous. Observons cependant que les seuls Européens