
des vapeurs sulfureuses. Deux à trois de ces ouvertures sont plus larges
que les autres, et distantes entr’elles de quelques pieds : elles sont
irre'gulieres, oblongues, et couvertes de cristaux île souffre brut, qui
s’attachent aux parois d’alumine et ont une grande variété de configuration;
la vapeur sort avec une force incroyable, on entend un violent bruit
souterrain qui ressemble au bouillonnement d une immense chaudière
, dans les entrailles de la montagne. On ne peut approcher de
ces ouvertures, sans danger, de sorte qu’il n’est pas possible de découvrir
■ l’étendue intérieure du volcan. L’argile qui les entoure est extrêmement
cassante, la plus grande ouverture est d’environ douze pouces de
diamètre.
» De grandes quantités de cette substance argilleuse ont ete jetées a
différentes époques par les anciens cratères.
» J’ai vu une semblable substance à la montagne de Klut dans le mois
de juin 18* *. La terre semblable à de la cendre était si inpalpable et
si légère, que le vent de la mousson la transporta de cette montagne
située à la longitude de Sourabaya, jusqu’à Batavia versl’ouest: elle possède
toutes les qualités de l’argile la plus pure et se mêle entièrement avec
l’eau, de manière qu’on en peut faire facilement de la poterie. Les
Javanais n’ignorent pas cette propriété, puisque les orfèvres rassemblent
ces cendres pour faire les moules de leurs plus fins ouvrages. »
Les éruptions volcaniques boueuses sont fréquentes dans le district
de Grabogan. Voici la description d’un de ces phénomènes qui a
lieu perpétuellement, presqu’au centre d’une vaste plaine entourée de
cratères ignés.
On apperçoit de loin des tourbillons de fumée, l’on croit entendre
le bruit confus du tonnerre; lorsqu’on s’approche, on voit's’élever
. à une hauteur de 20 a 3o pieds, par une force de répulsion provenant
de l’intérieur de la montagne, une large masse hémisphérique d’environ
seize pieds de diamètre. Chaque explosion est suivie d’un bruit sourd,
ce qui prouve la profondeur de la colonne; elles se répètent à des
MONTAGNES ET VOlCANS. 10
intervalles de deux à cinq secondes et continuent sans cesse ; la substance
boueuse se répand dans une plaine parfaitement unie, dont la circonférence
est d’environ un demi mille anglais, elle n’est remplie que de
particules terreuses mêlées d’eau salée. On conduit cette boue par des
rigoles étroites, pour la rassembler de manière à en faire évaporer
l’eau et crystaliser le sel. ' „
C'ne odeur sulfureuse se fait sentir au moment de l’explosion, la
boue lancée du volcan est plus chaude que l’athmosphère. Pendant
la saison pluvieuse les explosions sont plus violentes, plus hautes et
le bruit en est plus considérable.
Des descriptions des tremblemens de terre de Naples, de la Sicile
et de l’Islande, sont peu de chose en comparaison de la plupart'de
ceux des îles de l’archipel indien. Nous citerons entr autres les tremblemens
de terre qui eurent lieu depuis le 5 jusqu’au 17 avril 1815
dans l’ile de Sumbawa.
Les commotions lurent senties à Java,' a Bornéo et a Celebes dans
une circonférence d’un millier de milles géographiques. A l’èst de Java,
c’est-à-dire à 3oo milles du théâtre de cette catastrophe, le ciel fut
couvert de nuages et de cendres pendant plusieurs journées. Le bruit
de l’éruption ressemblait tellement à celui du canon, que des officiers
croyaient qu’un navire était attaque sur la cote par des pirates.
Dans la malheureuse île de Sumbawa où se trouve le volcan, toutes
les récoltés furent détruites : la famine fut si grande que la fille du Rayah
de Sang’ir mourut d’inanition ; des villages entiers disparurent. Le Bayah
de Sang’ir, spectateur de l’éruption, raconta que depuis le 7 jusqu’au 10
avril, trois colonnes de flammes sortirent de la montagne deTomboro, a
une hauteur prodigieuse et se mêlèrent à leur extrémité. La montagne
entière avait l’aspect d’un corps liquide enflammé ; pendant la journée
du 8, un amas de substances opaques lui cacha le feu et obscurcit l’ath-
mosphère. Des pierres grosses comme les deux poingts tombaient sur
le village de Sang’ir.