
CHAPITRE XVI.
Végétaux qui servent au Luxe.
La première de ces plantes doit être l’Arequier (Areca Catechu)
palmier d’un aspect gracieux, qui s’élance à 40 pieds de hauteur;
il produit la 6e année et continue à produire pendant 25 ans. On se
sert du fruit, lorsqu’il est verd et lorsqu’il est mûr, c’est la seute
partie usuelle de cette plante.
Le fruit verd contient dans une petite cavité, une liqueur sucrée;
le fruit mûr a la forme d’une prune et la couleur d’une orange : l’amande,
qu’il renferme, ressemble à une noix muscade, 011 en fait l’objet d’un
commerce considérable. Les Malais l’appellent Pinang, les Javanais
Jambir, à Amboine Poua, c’est-à-dire le fruit par excellence. Le mot
areca est d’origine Telingienne. Il prospère plus loin dans les terres
que le cocotier, on le propage en semant en couches les fruits mûrs
et en les transplantant : cet arbre est l’ornement des villages. Toute
espèce de terre, toute exposition lui conviennent, ses fruits en spadices
donnent trois récoltés par an : un acre d’arequiers plantés à 7 77 pieds
anglais produit 10,8.4 ï 5 livres avoir du poids qui à un demi dollar le
pikol, produirait i 33 ‘/. livres sterling.
Le Saguire ou Gomuti (BorassusGomutus)'donne une liqueur saccharine
qui est d’un grand usage. Le gomuti est le plus gros de tous les
palmiers, mais moins haut que le cocotier. On le reconnaît facilement
à son aspect rude et sauvage. Lé fruit ressemble à celui du néflier, il
est triangulaire et sort de l’organe de la fructification, il est attaché à
dés filamens spatlnques de trois à quatre pieds, qui poussent une si
grande abondance de fruits, qu’un seul jet suffit pour la charge d’un
homme. La pulpe qui couvre extérieurement ce fruit, a une qualité
vénéneuse, car le suc qui en découle est tellement stimulant et corrosif
qu il occasionne de la douleur et de l’inflammation lorsqu’on l’applique
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sur la peau. Les insulaires en préparent un liquide dont ils se servent
à la guerre, pour se défendre, les Hollandais l’ont appelée hel water
(eau d’enfer) l’intérieur du fruit est salutaire.
Les Chinois en fabriquent 1 etoddy. On perce un des spathes, pendant
trois jours 'successifs avec un petit bâton, lorsque le fruit commence
à paraître. La séve se porte vers la partie blessée, on fait alors une
incision au spathe, on y adapte un pot de terre ou un bambou pour
recevoir la liqueur qui a le goût du vin nouveau. Le palmier doit être
âgé de neuf à dix ans pour supporter cette opération, il produit pendant
deux années.
La liqueur se trouble en peu de jours, elle devient blanchâtre, acidulé,
la fermentation vineuse y commence, elle acquiert une qualité spiri-
tueuse. Elle sert à la fabrication d’un sucre graisseux et de couleur foncée
il a une saveur particulière, c’est le seul sucre dont se servent les naturels
du pays. Le vin de ce palmier sert à la fabrication de l’arrak, si
renommé, de Batavia.
A l’insertion des branches sur le tronc, on trouve une substance
filamenteuse : elle sert à faire des cordages qui sont meilleurs, plus
durables et à meilleur marché que ceux de la noix de coco. La marine
européenne en a fait usage pendant ces dernières années.
Ce palmier fournit une troisième substance usuelle, qui seit à calfater
les vaisseaux et ressemble à de l’amadou, on l’exporte en grande quantité
pour la Chine.
Le gomuti fournit aussi comme le sagou une farine médullaire, mais
d’une qualité inférieure ; elle a un goût qui déplaît aux Européens : les
pauvres s’en nourrissent.
Le gomuti ne prospère point sur les côtes basses où le cocotier croît
avec tant de facilité, il est habitant dés montagnes, il y préfère les
vallées marécageuses et les environs des eaux.
Le poivre bétel ( Piper betle Lin ) est un article important d’horticulture
; ses feuilles ont une saveur que les indiens aiment beaucoup, ils