
La seconde chaîne est celle du Salak. Les marins l’appellent les
montagnes bleues.
La troisième chaîne est celle du Gedé ou Pangorango dont plusieurs
cimes sont volcaniques : une branche se dirige vers le sud, l’autre vers
l’est. On voit de Batavia le mont Salak et le mont Gede. Il y a dans
cette chaîne, deux montagnes qui portent le nom des deux frères.
A l’Orient il y a trois énormes volcans savoir l’Ung’arang, le Merbabu
et le Merapi. Plus à l’Orient encore, se trouve le volcan qu’on nomme
Japara, dont les cimes ont une conformation tellement irrégulière qu’elles
ne ressemblent en rien aux autres montagnes de Java.
Toutes ces chaines forment 38 montagnes bien distinctes, elles sont
recouvertes de la plus brillante et de la plus antique végétation: elles
offrent les traces bien reconnaissables de volcans éteints : quelques
cratères seulement brûlent encore çà et là sur la surface de l’île : cet
immense territoire parait être sorti du sein des mers par d’hprribles
mouvemens convulsifs.
Il y a beaucoup de montagnes secondaires au pied de ces monts volcaniques,
leur direction varie dans tous les sens; plusieurs d’entr’elles
sont calcaires.
Le savant Mr Horsfield qui a séjourné pendant 18 ans aux Indes-
Orientales, a examiné dans les plus grands détails la conformation
géologique de plusieurs volcans de Java: voici la description qu’il fait du
T ankuban-Prahou :
» Ce volcan, dont le cratère, dit-il, est le plus large de ceux de l’île,
est ainsi appelé parce qu’il ressemble à une praue ou barque renversée.
Le cratère est en forme d’entonnoir, d’un mille anglais de circonférence :
le limbe extérieur est très-irrégulier.
» Je descendis par le coté du sud à une profondeur de a5o pieds, je me
tins à des cordes que j’avais attachées à des arbrisseaux qui croissent
entre les parois du cratère; la lave y est en petits fragmens. A environ
un tiers de cette profondeur, le cratère se courbe très-obliquement. La
MONTAGNES ET VOLCANS. x3
partie inférieure est composé d’énormes piliers de roc, d’où jaillissent
des ruisseaux d’eau vive qui ont creusé un large canal. Le côté de l’est
se termine à la moitié de sa profondeur par de grosses masses de rochers
perpendiculaires : le côté du nord est moins escarpé, il est couvert de
végétaux. Le côté de l’ouest ressemble à celui du nord. u
» Le noyau de la montagne est un amas de basaltes disposés en tuyaux
d orgue, au milieu desquels l’ouverture volcanique s’est formée.
» La surface de l’intérieur est complettement calcinée, de couleur
blanche qui varie quelquefois au gris et au jaune; les laves adhèrent en
plusieurs endroits aux roches basaltiques qui sont différentes en conformation
et en couleurs. Le cratère est percé en plusieurs endroits par des
sillons que des courans d’eaux ont tracés et qui se précipitent à une
profondeur énorme. Le fond du cratère a un diamètre de 3oo yards
anglais.
» Près du centre, mais un peu vers l’ouest, il y a un lac de forme
ovale irrégulière, dont le grand diamètre a environ 100 yards, il
s’épanche en plusieurs endroits; l’eau en est blanche comme du lait; elle
boûtàgros bouillons, principalement dans la partie orientale. Sa chaleur
est de ii2° de Fahrenheit, son odeur est sulfureuse; son goût est
astringent et salin. Son air fixe renfermé dans une bouteille, fait explosion
avec violence, lorsqu’il sort. Les bords du lac, à une certaine
distance sont couverts de lignes de terre alumineuse, très-légère,
dune finesse impalpable, ce qui empêche que l’on approche de l’eau:
je voulais en examiner la température et en recueillir pour l’analyser,
lorsque j’enfonçai dans la terre, à une profondeur assez grande et je dus
placer de gros fragments de basalte pour marcher dessus. Cette terre
contient de l’alumine des laves, mise en dissolution par les vapeurs
sulfureuses du cratère ; elle est extrêmement pure et d’une divisibilité
au-delà de toute imagination.
» A l’extrémité orientale de ce lac, on voit les issues des feux souterrains ;
elles consistent en plusieurs ouvertures dont s’exhalent perpétuellement
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