
5 6 CHAPITRE X I ,
niser des dangers qu’il avait courus. Le concours du peuple à ce
terrible spectacle était immense.
Le combat des taureaux est commun à Madura et dans la partie
orientale de Java. L’on ne se sert ni de chiens comme en Angleterre,
ni d’hommes ou de chevaux comme en Espagne, l’on mène les taureaux
l’un contre l’autre, le peuple forme un cercle immense autour de l’alun
alun où ces animaux sont attires par une vache; on les retient jusqu’à
ce qu’on ait emmené la vache et qu’ils soient suffisamment excites, on
les met alors en liberté', ils se combattent à outrance; enfin l’un des
deux se fait un chemin et repousse l’autre.
Les petits taureaux bien conforme's de Sumanap sont les meilleurs
pour cet amusement, ces combats donnent lieu à des gageures considérables.
Le combat du bélier et du porc se termine ordinairement par des
chiens qui détruisent le porc ; on dresse une petite tente afin que le
bélier puisse s’y-retirer en cas de danger et qu’il y reprenne l’avantage
en choisissant le moment favorable pour tomber sur son adversaire.
Les Indiens n’aiment pas les jeux dans lesquels il faut déployer de
l’adresse ou de l’agilité. Ils préfèrent être assis, quand même il y aurait
de l’avantage à être debout ; si par exemple un chef s’amuse à l’exercice
de l’arc, il est assis. On joue à la balle dans certaines contrées, mais
ce passe-tems n’est pas d’un goût général.
Lorsqu’un monarque de Java, se montre au peuple une fois par
semaine, selon l’usage oriental, ou que les gouverneurs de provinces
sortent à l’imitation du prince, il y a de misérables joutes.
Les Javanais sont mauvais cavaliers; leurs chevaux pesants et mal
dressés, sont caparaçonnés de manière à ne pouvoir agir avec force et
adresse dans un tournoi.
Toutes les nations civilisées de l’archipel indien paraissent être
éloignées de cet état de la société où la chasse était nécessaire pour se
procurer les moyens de subsister. Il est probable que les progrès de
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leur civilisation n’ont point commencé par la chasse, mais par la pêche;
ce n'est que dans les contrées confinées par des montagnes ou des
forêts que les peuples ont dû s’adonner à la chasse, parce que des
ennemis puissans s’étaient rendus maîtres des pêcheries de la côte et
des rivières. Les races, nègres de l’intérieur de la presqu’île de Malacca
chassent les bêtes fauves, les sangliers, les singes et se servent de flèches
empoisonnées.
Les plus adroits chasseurs des îles de cet archipel sont les habitans
de Célèbes, ils ont la réputation d’être passionnés pour cet amusement.
Célèbes, offre une particularité qui n’existe pas dans les autres îles :
les pâturages y abondent et sont séparés des forêts, le gibier pouvant
s’y nourrir facilement, se multiplie en peu de tems., Les tigres et les
léopards qui sont si nombreux dans les îles occidentales , ne sont pas
connus à Célèbes : ces plaines partagées entre les tribus qui les environnent
deviennent l’objet d’une exacte surveillance ; l’étranger qui
voudrait s’y établir par force y serait combattu jusqu’à la mort. Aussitôt
que le riz est planté, les chefs de famille et leurs métayers courent se
divertir aux champs. Des personnes de tout âge s’y réunissent. Un habitant
de cette île voulant décrire à Mr Crawfurd le plaisir que ces gens-là
éprouvent alors, lui dit avec la plus forte allusion prise dans les moeurs
de ce pays, que toutes les peines et tous les chagrins sont enterrés dans
les transports de la chasse ; un homme y oublie qu’il a une femme et
des enfans.
Les parties de chasse sont composées de 200 cavaliers : malgré la
stricte observance des principes du mahométisme, on ne dédaigne pas
de poursuivre le sanglier avec beauconp d’ardeur.
La chasse se fait à cheval. Quoique les chevaux de Célèbes soient
petits, et que leur taille n’excède jamais treize paumes, cependant ils
ont beaucoup plus de feu que ceux des autres îles de cet archipel : ils
ont autant de souplesse que de persévérance; leurs formes sont délicates,
on les monte à poil et on les mène par une mauvaise bride. Le chasseur