
2 3 2 CHAPITRE X X X X I I ,
commandant du fort de Kerta Soura. Il résolut d’en massacrer la
garnison. Ses troupes se présentèrent devant le fort sous le prétexte de
marcher contre les Chinois ; après deux attaques, la garnison dut se
rendre. Les chefs furent massacrés de sang froid, le reste de la troupe
ainsi que les femmes et les enfans furent prisonniers et distribués parmi
les Javanais, plusieurs soldats furent circoncis et forcés de se faire
mahométans.
Alors les Hollandais de Samarang ouvrirent les yeux, ils décrétèrent
que le Pangeran de Madura était affranchi de l’alliance du Sousounan.
Le Pangeran fit périr tous les Chinois de son île, équipa des navires
et s’empara de Sidayou Touban et d’autres places.
Les Chinois, appuyés par le Sousounan, parcoururent le pays et
mirent le siège devant les établissemens maritimes depuis Tagal jusqu'à
Pasourouan.
Cependant le Sousounan craignit bientôt que les Hollandais se vengeassent
cruellement, il désavoua son ministre Nata Kasouma, qu’il
prétendit être l’auteur de tout ce qui était arrivé, et il fit avec la
Compagnie un traité par lequel il lui cédait Madura, la côte et
Sourabaya.
Les Chinois de Pati et de Jawana avaient choisi pour Sousounan le
petit-fils de Mangkourat Mas, connu sous le nom de Kouming. Ils
marchèrent vers Kerta Soura, y entrèrent et pillèrent le palais. Paka-
bouana s’était enfui , il fut rejoint par les troupes hollandaises et
maduraises, et il pardonna à plusieurs chefs javanais qui se soumirent,
mais il ne voulut accorder aucune grâce aux Chinois. Après quatre mois*
le prince de Madura entra dans Kerta Soura ; l’usurpateur avait fui à
son tour.
En novembre 1742 les Chinois furent battus à Asem, et se retirèrent
à Brambanan. Le Pangeran de Madura avait voulu placer le frère de
Pakabouana sur le trône. Deux mois plus tard, une amnistie générale
fut publiée , l’usurpateur se rendit aux Hollandais de Sourabaya
qui l’exilèrent à Ceylan.
ÉTABLISSEMENT DES HOLLANDAIS. 2 3 3
Quelques mois après, le siège du gouvernement fut transféré, selon
l’usage superstitieux, de Kefta Soura au village de Solo a six milles
anglais de cette ville. La capitale est appelée Soura Kerta; c’est là que
le Sousounan (l’empereur) réside actuellement.
Le Pangeran de Madura refusa obstinément de se soumettre; après
avoir commis les plus grands désordres à Sourabaya et sur la côte,
il fut forcé de fuir, les Hollandais le poursuivirent et s’emparèrent de
l’île entière de Madura.
Toutes ces révoltes ébranlèrent l’autorité du Sousounan, un des plus
jeunes frères de ce prince appelé Pangeran Mangkouboumi se révolta
aussi. Il avait appris l’art de la guerre pendant les années precedentes,
en prenant une part très-active aux événemens. Merta Pura et un
ministre de l’usurpâteur Koumiiig lui promirent de 1 aider; le Sousounan»
pour avoir la tranquilité^ lui donna le gouvernement indépendant de
Soukawari. Bientôt après on veut l’en dépouiller, il fuit de la cour pendant
la nuit. L’époque de cette fuite qui est appelée la guerre de Java, eut
lieu en l’année 1671 de Java ( 1745 de l’ère v.) Mangkouboumi protesta
de son attachement au gouverneur-général et demanda que son fils
fût proclamé Pangeran Adipati Matarem (héritier présomptif;) cette
condition ne fut pas accueillie. Sur ces entrefaites le Sousouuau mourut.
Le 11 décembre 1749 » ^ son m^rl’ <c abdiqua pour lui et ses
» héritiers, en faveur de la Compagnie hollandaise des Indes-Oi ientales
» et en laissant à la disposition de celle-ci, pour l’avenir, le choix de la
» personne qui régnerait pour l’avantage de la Compagnie et de Java. »
Après sa mort, Mangkouboumi se fit proclamer souverain devant une
nombreuse assemblée, il envoya des ambassa deurs au gouverneur-general
pour l’assurer de son a l l i a n c e , m a i s on préféra le fils de Pakabouana ,
enfant de neuf ans, qui fut appelé Pakabouana III.
Les deux partis en vinrent aux hostilités ; Mangkouboumi fut défait
et repoussé à l’ouest. Mais bientôt il reprit de nouvelles forces, battit
les Hollandais à Janar, village de Baglen et a Tidar, près la montagne de