
8 6 CHAPITRE X V II ,
Une espèce de banane sauvage ( Musa Textilis ) croît en abondance
à Mjndanao, et dans les forêts des îles Philippines. Son épiderine fibreuse
sert à fabriquer des étoffes. Les Anglais l’appellent Manilla rope parce
qu’on en peut faire des cordages.
L’arbre à pain ( Artocarpus incisa); il y en a deux variétés, celui qui
produit des graines et celui qui n’en produit pas. C’est ce dernier qui
est le véritable arbre à pain, mais il est inférieur, en qualité, à celui
des îles de la mer du sud. On le fait torréfier. La variété à graines
paraît être originaire de la partie orientale de l’archipel indien on l’y
trouve dans l’état sauvage. Il est probable que les Malais et les Javanais
l’apportèrent de Banda à Java lorsqu’ils y faisaient le commerce des
épiceries avant l’arrivée des Européens.
Aucune contrée du globe, n’est plus abondante en fruits que les îles
de l’archipel indien. La plupart de ceux des régions équinoxiales y ont
été naturalisées, mais il n’y en a que très-peu des climats tempérés,
leur nombre ne pouvant s’accroître que par l’augmentation dé la population
européenne.
La majeure partie des fruits croît sans culture dans l’état sauvage.
Lés arbres fruitiers sont plantés irrégulièrement autour des villages,
sans qu’on ait choisi le sol qui leur convient.
Le paysan ne cultive que les fruits les plus communs, on ne trouve
les plus délicats que dans les jardins et les vergers des grands, ils
prennent plaisir à réunir les meilleurs espèces, mais ils sont surpassés
de beaucoup par les colons européens. Batavia et Malacca sont les
endroits où cette culture a fait le plus dé progrès, on péut présenter
sur la même table au-delà de cinquante espèces de fruits sans compter
les variétés.
Il y a des fruits qui mûrissent pendant l’année entière, tels que la
banane, le jack, d’autres tels que les mangues, les mangoustans, les
dourians etc ; ne viennent en maturité à Batavia que dans la saison seche,
ils mûrissent plus tard dans les contrées élevées. Ainsi l’industrie peut
suppléer h. la nature pour en procurer dans toutes les saisons.
DES FRUITS. 87
Le mangoustan ( Garcinia Mangostana) est le fruit le plus exquis de
l’Inde et peut-être de toutes les contrées de la terre. Il est du goût
de toutes les personnes. Il est légèrement acide, d’une saveur extrêmement
délicate et très-sain : Il a l’aspect d’une grenade mûre, il est petit et
sphérique; une écorce brune, dure extérieurement, plus douce et moins
foncée intérieurement, renferme une pulpe, blanche et transparente
comme la neige, cette pulpe est la seule partie mangeable du fruit, l’on ne
peut sans danger, même pour les personnes dont la santé est la plus robuste,
en manger l’écorce. Ce végétal délicieux fut transporté de l’archipel
indien à Madras et à Calcutta, Mr le Gentil dans son voyage de l’Inde dit :
« Le mangoustan, ce roi des fruits selon tous ceux qui en ont mangé,
» ne vient qu’à la côte de l’est de l’Inde, on en apporta en 1754 à l’île
» de France de jeunes plantes, il en restait encore quelques unes en
» 1770, mais en si mauvais état qu’il n’y a pas d’apparence que cet
» arbre réussisse jamais dans cette colonie. »
Nous pouvons assurer aujourd’hui que cette prédiction citée par
Mr Grawfurd ne s’est pas réalisée, puisque Mr Le Breton nous apprend au
contraire que le mangoustan est un des meilleurs fruits de l’île de
France
Il y en a une seconde espèce (Garcinia Celebica) qui croît dans les forêts
de Java et de Célèbes, mais il ne faut pas la confondre avec le véritable
mangoustan qui refuse de croître aux Moluques, à Cochin, à la Chine,
à Siam, et qui ne prospère pas au nord de la latitude de Luçon aux
îles Philippines.
Le dourian (Durio Zibethimis) tient le plus haut rang parmi les fruits,
dans l’opinion des indigènes. Les étrangers repoussés par sa couleur et
son odeur ne sont pas de leur avis. Il approche de la grosseur de la
tête humaine; tantôt sphérique, tantôt ovoïde, sa couleur est d’un verd
jaunâtre, il ressemble au fruit de l’arbre à pain, mais il est plus volumineux
quand il est mûr, on divise aisément ses graines, qui se trouvent
dans cinq cellules longitudinales, dont chacune contient depuis