
dans les premiers tems, parce qu’ils faisaient directement un commerce
qui depuis plus de deux mille ans passait par l’interme'diaire de toute
l’Asie-Oecidêntale. Malacca e'tait l’entrepôt général des marchandises de
l’Inde, de la Chine et du Japon : cette place se soutint avec éclat
pendant toute la durée de la domination portugaise : il y avait depuis
long-tems une navigation très-active entre la presqu’île de Malacca,
et les mers de l’Est, les Portugais s’en emparèrent aisément, mais leur
penchant pour la conversion au christianisme indisposa contre eux
les souverains de ces contrées, et les rendit suspects : ils perdirent en
quelques années tous les avantages immenses qu’ils avaient acquis.
Le Portugal ne recueillit par conséquent que des fruits éphémères de
la plus brillante expédition que l’on trouve dans les annales de l’histoire:
il fallut envoyer des escadres pour réprimer les révoltes des Moluques,
il fallut croiser dans la mer Rouge et dans le gôlfè persique, afin d’y
intercepter le commerce d’Alexandrie et de Constantinople ; le Portugal
fut bientôt hors d’état de fournir des troupes et de l’argent.
Lorsque les Hollandais et les Anglais parurent auxlndes, la civilisation
avait fait des progrès immenses en Europe, les gouvérnemens y connaissaient
leurs véritables intérêts; ils abandonnèrent les spéculations commerciales
aux particuliers , ils leur accordèrent des privilèges en formant
des compagnies : alors l’état ne déboursa plus rien, les particuliers
qui devaient retirer les bénéfices, furent contraints de faire toutes les
avances,
Les Hollandais et les Anglais ne vinrent point dans l’archipel indien
comme des conquérans, mais comme de simples marchands, armés pour
la sûreté de leurs personnes et de leurs marchandises : ils ne cherchèrent
point àconvertirlespeuples au christianisme; ils eurentbientôtla confiance
des souverains, et en peu d’années ils évincèrent par tout les Portugais.
Telle fut l’origine de la puissance des Pays-Bas aux Indes-Orientales,
ils avaient fondé Batavia: une occasion se présenta de s’emparer de
Malacca, alors tout le commerce de cette place importante passa à
Batavia qui devint ainsi la métropole de l’Asie australe et orientale.
Les Hollandais agirent avec adresse pour s’emparer successivement
de la plupart des possessions quils ont aujourd’hui: ils profitèrent de
toutes les guerres entré, les nations indigènes, contractèrent chaquefois
des alliances avec l’un des deux partis selon leur intérêt, un accroise-
ment de territoire et de commerce en était toujours le frqit.
Ils trouvèrent un rival redoutable dans la compagnie anglaise; ils
parvinrent a la bannir non par les armes, mais par une plus grande
habileté dans les spéculations. Ces avantages immenses furent d’autant
moins à espérer, que dans l’espace de quinze années, c’est-à-dire de 1602 à
1617, les Anglais avaient établi des comptoirs à Panani près Malacca, à
Acheen, Ticao et Jambi dans l’de de Sumatra, à Bantam et Jacatra dans
l’île de Java; ils en avaient plusieurs à Bornéo, à Célèbes et aux Moluques
et les Hollandais en avaient très-peu. Malgré cette supériorité, les Anglais
ne purent soutenir la concurrence, ils abandonnèrentBantam en 1683 ils
avaient antérieurement perdu Jacatra et ne pouvant luter contre la
fortune hollandaise ils eurent la sagesse de se concentrer à Bencoolen
dans l’de de Sumatra, où ils se maintinrent avec succès.
A la fin du 17e siècle un nouveau concurrent, se présenta; Louis
XIV ambitionnait le commerce des Indes-Orientales, il avait des relations
à Siam.
On connaît la fin, tragique de Constantin Foulcon: en 1690 cet Européen
était parvenu à devenir ministre du roi de Siam; peu s’en fallut qu’il ne
montât sur le trône: Si une révolution imprévue qui occasionna la perte
de Foulcon; n’avait pas eu lieu dans ce royaume, le commerce de l’Asie
passait sous la domination française.
Nous n’entrerons point dans d’autres détails sur l’histoire des 17e et
18e siècles, parce que nous y reviendrons dans le cours de cet ouvrage.
En 1808 le maréchal Daendels fut nommé gouverneur-général par le
roi Louis: jamais on ne vit déployer autant d’activité et de talens.
Daendels fut le réformateur de la plupart des abus de nos possessions
asiatiques et l’un des fondateurs de leur prospérité.
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