
une jusques a quatre semences, aussi grosses que des oeufs de pigeon,
enveloppees d une belle pulpe blanche ; c’est cette pulpe recouverte d’une
légère pellicule qui empêche les semences d’adhérer les unes aux autres.
Cette pulpe est la partie mangeable. Mr Crawfurd préfère le dourian à
tous les autres fruits et assure qu’on n’en est jamais rassasié. L’on fait
rôtir les graines, elles ont le gout du marron.
Le dourian croît dans tout l’archipel indien, il n’estpas encore naturalisé
à Siam et à Ava : les monarques de ces contrées en reçoivent
des présents de la presqu’île de Malacca.
L’arbre qui produit ce fruit délicieux a, selon Dampier, l’aspect de
nos pommiers, et ne paraît pas exister dans l’état sauvage, il est originaire
de Malacca et se contente d’un terrain médiocre, il y en a trois
variétés, parmi lesquelles celle de Bornéo produit des fruits aussi gros
que la tête d’un homme. Le dourian coûte souvent autant qu’une douzaine
d’ananas.
Le Jack (Artocarpus Integrifolia ) dont il y a deux espèces, savoir :
le Jack proprement dit et le Champadack; ce dernier produit des
fruits d’une grosseur monstrueuse, qui naissent sur le tronc et sur les
plus fortes branches. Un seul fruit de jack est quelquefois la charge
d’une femme allant au marché. Il croît en abondance; il y en a dans
toutes les saisons. Les naturels du pays en consomment beaucoup,
mais son gout est trop fort pour plaire à un palais européen, il est
nutritif parce qu’il renferme une quantité considérable de matière
saccharine et glutineuse. Rumphius présume qu’il n’est pas originaire
de cet archipel et que des marchands l’ont apporté du continent de
l’Inde.
Le champadak est moins volumineux que le jack, d’une forme plus
mince et plus alongée ; le fruit en est d’une saveur plus délicate, plus
d.ouce et renferme en petite quantité, une matière farineuse. Les Javanais
le préfèrent au jack, le prix de ce fruit est plus élevé. Il est évidemment
originaire de ces îles, car on ne le connaît point hors de leurs limites.
DES FRUITS. 8 9
Il ne croît pas à l’ombre des jardins, qui entourent les villages, il
veut une exposition solitaire et le grand soleil.
Le fruit appelé mangue (Mangifera Indicà) est cultivé dans l’Inde
entière, et surtout au midi de la presqu’île de l’Indostan. Il y en a cinq
variétés principales ; on connaît deux variétés sauvages, outre celle qu’on
nomme Mangue fétide.
Ce fruit lorsqu’il est cultivé avec soin, atteint un grand degré de
perfection. On en trouve dans le jardin du sultan de Java une variété
appelée Dodol en Javanais, qui est supérieure aux mangues du Bengale
et du Malabar. L’on ne connaissait pas ce fruit à Banda et à Amboine
avant l’année i655, pendant laquelle, les Hollandais y ont introduit
l’arbre qui le porte; il est probable que cet arbre est d’origine étrangère
à l’archipel indien.
L’espèce appelée Mangue fétide, diffère des autres sous plusieurs
rapports : les Européens en détest ent le gout, tandis qu’au contraire les
Indiens le trouvent délicieux.
Les oranges et les autres végétaux commestibles de la famille des
Aurantiacées sont très-répandus dans cet archipel. Quelques-uns sont
indigènes, d’autres sont exotiques, et on les connaît dans les îles de
l’ouest sous le nom générique de Jaruk, et sous celui d’Usi dans les
îles de l’Est.
La culture des meilleures espèces a été introduite par des étrangers,
on les appelle Limao; ce qui fait présumer que les Portugais les ont
apportées.
Le Pumplenoos ou Shaddock (Citrus Decumanus) prospère à Batavia,
ce qui lui a fait donner le nom de Batavi Nimbu, il fut apporté des
Indes-Occidentales par un capitaine de navire appelé Shaddock.
Le citron paraît être, indigène à Java, on l’estime très-peu; il y
en a pendant toute l’année en grande abondance. Plusieurs variétés
d’oranges sont cultivées ; celle qui est amère n’est point de ce nombre*
11 y a une grande variété dont l’écorce est verte, adhérente à la pulpe