
1 2 6 CHAPITRE X X III,
y étaient acquises primitivement par les Indous et ensuite par les
Arabes.
Nous ajouterons à ces observations de Mr Crawfurd qu Alexandre,
les Ptoléme'es et les premiers Césars encouragèrent les voyages
d’Alexandrie à l’emboucbure du Gange, qui était la dernière limite
des connaissances pratiques de la marine des anciens en Orient, selon
que Mr Gosselin l’a démontré. Nous présumons que la Sérique était
le nom général que les marchands d’Alexandrie donnaient aux contrées
les plus orientales de l’Asie, dont la navigation avait l’embouchure du
Gange, pour port d’arrivage. Les peuples dé Célèbes s’adonnèrent sans
doute le plus à ce commerce, ils sont encore aujourd’hui les plus
entreprenans navigateurs de l’archipel indien et communiquent encore
avec les Indous, ainsi que nous l’avons expliqué.
Le territoire primitif de ces peuples bougis est dans les bancs de la
grande eau douce du lac de Tapara-Karaja, à la langue sud-ouest de
Célèbes et vers le nord de cette langue.
Les Européens ignorent totalement la nature de ce pays, mais d’après
l’analogie, l’on présume qu’étant parvenu à un haut degré d’opérations
commerciales, il doit être extrêmement peuplé. On trouve des Bougis
dans tous les cantons de l’archipel indien où le commerce présente
quelque avantage, il y a même des endroits où ils ont formé des colonies
indépendantes. Le lac dont nous venons de parler communique par
des rivières navigables pour les plus grands Bateaux, soit à la baie de
Bony vers l’est, soit à la mer vers l’ouest. La navigation des bords de
ce lac commence avec la moussop d’est. Les navigateurs partent pour leur
voyage à l’ouest jusqu’à Rhio, MaLacca, Pinang, Acheen et se préparent
au retour lorsque la mousson chànge. Là des marchands du Bengale
viennent faire les achats. Ne pouvons-nous point présumer que ce
commerce se fait depuis 2000 ans?
Les articles qu’ils exportent de leur propre pays ou qu’ils acquièrent
dans leurs voyages extérieurs, pour approvisionner les îles les plus
DU COMMERCE. 1 2 7
éloignées, sont les excellentes étoffes de coton de leur pays, de la poudre
d’or, des noix muscades, des piastres d’Espagne, des nids d’oiseaux,
du camphre, du benjoin et des écailles de tortue; ils importent à leur
retour, de l’opium, des étoffes de drap d’Europe, des étoffes de coton
d’Europe et des Indes, dû fer brut et du tabac.
L’opération la plus étonnante de ce peuple, est la pêcherie du
Tripang à la côte australe de la Nouvelle-Hollande; plus de quarante
navires de 20 à 5o tonneaux partent annuellement de Macassar
pour les côtes de cette 5e partie du monde. Un navire monté par
25 personnes, a fait un voyage heureux, s’il rapporte 7000 livres de
Tripang (Holothurion.) Un capital de 200 à 400 piastres, dont les
armateurs chinois font presque toujours les avances, suffit pour couvrir
les frais.
Nous avons extrait ces détails de Mr Crawfurd. Notre commerce
européen qui n’en a aucune connaissance, y verra un nouveau moyen
d’augmenter ses relations et ses richesses, puisque Célèbes se trouve
dans notre dépendance. Que nos compatriotes se ressouviennent que la
colonie française de S^Domingue, qui fut la plus belle des fermes
européennes au-delà des mers, si je puis me servir de cette expression,
dut son origine à des boucanniers et à des flibustiers, elle se forma
quatre-vingts ans seulement avant la révolution française, les bénéfices
y furent aussi prompts que considérables, car l’industrie peut tripler
les produits annuels entre les tropiques ; ainsi nos marins pourraient
aisément entrer en concurrence avec les pêcheurs de Célèbes sur les
côtes de la Nouvelle-Hollande; iis y formeraient bientôt dès établisse-
menS considérables. Nous ajouterons à ces observations ce que nous
avons déjà dit dans un Mémoire de cette année; la Nouvelle-Hollande
et la Nouvelle-Guinée sont situées à l’opposite de la côte occidentale
d’Amérique. Les Anglais ont établi au port Jackson, dans la colonie de
Botàny-Bay, un entrepôt commercial et agricole, hors des limites de
la zone torride et des vents alisés de l’est. Cette position fut sans doute