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qui ont des propriétés à Java, le coton d’Egypte dont la culture a fait
tant de progrès en 1821, 1822 et 1823; nous leur faisons connaître
en même tems, que l’analyse a démontre' que les terres d’alluvion des rives
du Nil, renferment presque les mêmes matières que le sol des environs
de Batavia. Les Anglais font une grande consommation de coton
d’Egypte depuis quelques aimées, les Français commencent à l’importer
par la voie de Marseille; nous pouvons recevoir le coton de Java ,
dans le même espace de tems que celui de l’Egypte, parce qu’il n’y a
point de quarantaine pour nos colonies asiatiques, car on sait que la
peste est inconnue à Java.
On cultive le coton annuel dans cette grande île, après la récolte du
riz; lorsque la plante est simplement annuelle, on la cultive pendant
trois ou quatre années, lorsqu’elle est herbacée, elle dégénère annuellement.
On préfère les pays élevés.
Le grand inconvénient du coton de cet archipel, est le nombre de
ses graines et leur adhérence à la substance cotoneuse. La graine est
au coton en proportion comme quatre est à un, la culture de la variété
à graines noires dont on peut plus aisément dégager le coton, est
susceptible d’une grande amélioration.
Il y a d’autres plantes filamenteuses : le Rami ( Ramium Majus ) est
une espèce d’ortie qui croît à la hauteur de cinq à six pieds. On extrait
de l’écorce de sa tige une excellente filasse pour les corderies. Le Ganja
ou le chanvre (Cannabis Sativa) n’est pas cultivé pour sa substance
filamenteuse, mais pour un suc narcotique qu’on extrait de cette plante,
elle provient de l’Inde,
Le Bagou (Gnetum Gnemon) le Varou (Hibiscus Tilaceus) produisent
par la macération de la filasse pour les pêcheries.
Le Glugo (Moruspapyrijera') est très-cultivé dans quelques provinces
de Java pour les papeteries. Le papier qu’on en confectionne est d’un
brun sale, mal fabriqué, et sujet à être attaqué des Dermestes, insecte
très-conmun à Java. Si lés anciens manuscrits qu’on a trouvés à Chéribon
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ont été écrits sur du papier de Glugo, ce genre de manufacture a
beaucoup dégénéré.
Le Lontor ( Borcissus Flabelliformis,) le Tar ou Tal des Indes-Occi-
dentales, est cultivé pour le vin de palmier qu’il produit et que l’on
emploie dans la manufacture de sucre. C’est sur les feuilles de ce palmier
que les habitans de ces îles écrivaient, avant que l’usage du papier devint
commun parmi eux par la communication des étrangers : elles étaient
coupées en bandes d’environ trois pouces de large, sur douze à dix-
huit pouces de long, raclées avec un instrument de fer, et attachéës
ensemble par un cordon à leurs deux extrémités. Il est probable que
les insulaires ont pris cet usage des Indous.
Le Gabang (CoryphaUmbraculifera) est un autre palmier, la nervure
du milieu de ses feuilles sert à former des cordages. Le jonc appelé
Rotang (Calamus Rotang) est une des principales plantes usuelles de
ces contrées ; il y eh a un grand nombre de variétés depuis la grosseur
d’un tuyau de plume jusqu’à plusieurs pouces de diamètre. Le Rotang
est une plante épineuse, en buisson, qui pousse très-loin ses jets, il
y en a une variété, appelée Salak dont le fruit dur est de la grosseur
d’un oeuf de poule et enveloppé d’une pulpe blanche, recouverte d’une
écorce, son odeur est forte et son goût acide. On n’en cultive point
d’autre variété, parce que cette plante se trouve en très-grande abondance
dans les forêts. Ceux de Bornéo, de Sumatra et de quelques
parties de 'Célèbes sont les meilleurs. Ceux de Java sont d’une qualité
inférieure. C’est à tort que les Européens l’appellent Rotang, son véritable
nom Malais étant Rotan.
Le Bambou ( Arundo Bambos ) est un roseau dont on trouve plusieurs
variétés sauvages et cultivées : quelques espèces sont cultivées pour
leur beauté, d’autres pour leur utilité. Il s’élève jusqu’à la hauteur de
4o à 5o pieds, forme des clôtures, et se renouvelle perpétuellement
en poussant de nouveaux jets. Récapituler les divers usages du Bambou ,
serait décrire presque toutes les opérations d’économie domestique,