
° CHAPITRE I I ,
Tous ces insulaires de l’archipel indien sont d’une grande sobriété
dans le manger, en comparaison des Européens : cinq quarterons de
riz, quelques e'piceries, très-peu de viande et fréquemment du poisson,
suffisent à leur nourriture journalière. Ils s’abstiennent de liqueurs
fermentees, la religion leur en de’fend l’usage, c’est encore un précepte
d’hygiène, car l’abus de l’alcohol sous les noms d’eau-de-vie, de genièvre,
et de rhum est un poison dans ces climats : l’ivrognerie est là une maladie
souvent mortelle, qui emporte un individu en quelques heures, ce qui
n’arrive que trop fréquemment parmi les Européens. Le dégoûtant
spectacle de gens ivres est excessivement rare dans les rues de Batavia.
CHAPITRE II.
Géographie générale de Java.
Nous avons commencé cet ouvrage en faisant connaître les deux races
de l’espèce humaine qui sont aborigènes de l’archipel indien,
» Car l’homme, aux yeux de l’homme, est l’ornement du monde.» ( Deliüe. )
Nous allons décrire succinctement l’île de Java, la plus intéressante
de celles qui forment ce vaste archipel.
Java n’en est point la plus grande, nous l’avons démontré dans l’introduction.
Sonnom vient, dit-on, deJawa-wut ( Panicum italicum )graminée
qui était la principale nourriture des aborigènes, lorsque les Indiens du
continent firent la découverte de ces parages. Les îles Moluques sont
encore appelées aujourd’hui le petit-Java.
Nous pensons que le nom de Jabodins donné par les géographes grecs
et romains à une des îles de l’Inde, appartient à Jaya et que c’est par
erreur qu’on l’attribue à Sumatra.
Mr Rafïles a fait relever une carte de Java, par ordre du gouvernement
Britannique : nous l’avons réduite dans cet ouvrage. Cette carte rectifie
les nombreuses erreurs de celle du major ;Valentyn qui fut publiée à
Amsterdam en 1728 et qu’on a toujours copiée depuis ce tems. Les
plans géodésiques que le maréchal Daendels a fait lever pour déterminer
la position des ports de Sourabaya, de Wyn-Koopers-baye, de Chelachap
et dePachitan, ainsi que le cours de la rivière de Solo qui est laplus importante
de l’île, ont entr’autres servi à confectionner la carte de Mr Railles.
Java offre une surface de 5ooo milles carrés, entre le i o 5 ° - i i ' de
longitude de Greenwich et le i t 4 °-3 3 ' et entre le5°-52 de latitude australe
et le 8°-46'. La côte boréale est environnée d’une multitude de petites
îles qui proviennent des alluvions des montagnes. La côte australe est
escarpée, l’île entière présente un amphithéâtre qui descend du midi
au nord; la grande île de Madura en forme uh fragment considérable
à l’orient.
Lorsque les Européens parurent pour la première fois à Java, l’île
entière dépendait d’un seul monarque, qui avait des princes tributaires,
aujourd’hui le royaume des Pays-Bas a la suprématie de cette de;
elle est divisée en domaines administrés par les Européens et ces états
appartenant aux princes indigènes soumisauxgouvernementdesPays-Bas.
Voici la division territoriale des provinces ou résidences administrées
par les Européens, en y comprenant l’île de Madura.
Bantam, Batavia, Buitenzorg, Preanger Regentschappen, Krawang,
Cheribon, Tagal, Pakalongan, Samarang, Kadoe, Japara etJoana, Rem-
bang, Grissee, Sourabaya, Passarouang, Bezoukie,Banjoeyvangie, Madura
et Sumanap.
Les états des princes indigènes sont:
10 L’empire du Sousouhounam, dont le souverain est Appelé Empereur
de-Solo, parce qu’il réside dans le village de ce nom, à peu de distance de
Sourakarta, ville de cent mille, liabitans.
20 Les états du Sultan de Djokjokarta, formés depuis environ quatre-
vingts ans par un. visir rebelle à l’Empereur.
Les principales villes européennes sont Batavia, Samarànget Sourabaya,
ports situés sur les côtes du nord et de l’est. Il n’y a aucun établissement