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Le gouvernement du Japon n’admet que deux nations étrangères, les
Hollandais et les Chinois. Les souverains du Japon ayante'te''informes
que les chrétiens étaient protégés en Chine, et des livres de cette
religion ayant été trouvés parmi les marchandises des Chinois, leur
commerce fut restreint; en 1688, ils furent placés sous la surveillance
de la police de Nangasacki, comme les Hollandais. Le montant des
importations qu’ils pouvaient faire, fut fixé au double des 3oo,ooo
tahils, que le commerce hollandais avait le droit d’importer.
Dans les tems antérieurs, plus de 200 jonques montées par 5o
hommes chacune, arrivaient annuellement au Japon, en 1700 leur
nombre fut réduit à vingt ; lorsque dans la suite le nombre des vaisseaux
des Province-Unies fut fixé à un grand navire et deux petits, le
nombre des jonques chinoises fut fixé à dix. Elles partent de Ning-po
dans la province de Ghé-ki-ang, et arrivent en quatre jours au Japon.
Elles apportent de la soie travaillée, des épiceries, du camphre, du
benjoin de l’archipel indien, des drogues, de l’ivoire, du sucre, du
thé fin, du cuir, de l’étain, et des livres de philosophie, et de théologie.
Chaque livre chinois est examiné, lu et censuré par deux hommes
instruits de Nangazaki , l’un est Siutokous, c’est-à-dire chef d’une
Communauté religieuse, l’autre est Sjistos, philosophe et médecin du
Daïri, il demeure à Taltajamma ; il porte de longs cheveux qui sont
liés derrière la tête, ce qui est le costume des philosophes, des médecins
et chirurgiens. Lorsque des livres chrétiens sont découverts, ce qui
arrive quelquefois, parce que les jésuites de Pékin font souvent la
tentative d’en expédier au Japon, le propriétaire doit prouver de la
manière la plus solennelle qu’il n’est point chrétien, on l'exhorte à être
plus circonspect à l’avenir et les livres sont réexportés.
C’est par les Chinois que les marchandises anglaises pénétrent au
Japôn. Les exportations sont du cuivre, du camphre, des articles de
marquetterie, et des bech de mer ou holothuria.
Le Japon jouit du meilleur climat de l’univers, la terre est plus
DU COMMERCE AVEC LE JAPON.
stérile que fertile, l’industrie d’une population nombreuse est parvenue
à l’améliorer par la culture. Il y a de très-riches mines d’or, d’argent,
de cuivre et de fer. Ainsi le Japon fournit en abondance des moyens
d’échange avec les contrées de la zone torride et de l’Europe. Il est
éloigné d’un mois de navigation de la côte orientale d’Amérique, dp
cinq jours des plus riches provinces de la Chine, de six à sept jours
de Manille et de vingt jours de Batavia.
Les Japonais ressemblent aux Chinois, étant comme eux delà race
mongole. Ils ont plusieurs de leurs institutions politiques et religieuses,
leur industrie, leur docilité et une portion de l’énergie et de l’activité
des peuples de la zone tempérée, ils passent pour être les meilleurs
soldats de l’Asie.
Le Japon était autrefois fort riche en or, à ce que l’on prétend,
aujourd’hui au contraire, les Hollandais ont la permission d’y importer
leur monnaie. En 1700, les monnaies japonaises furent altérées de 3o
ou 32 carats jusqu’à 13 ou 14, ce qui porta la réduction à 37 pour cent.
Le cuivre est paye 12 35/ioo Tahils, ou 18 3o/i00 Piastres d’Espagne le
Pikol, ce qui fait environ 84 francs le Quintal, ce métal parait devenir
maintenant plus rare qu’autrefois. Selon Imlioff, le Pikol de cuivre se
paie 20 Tahils.
Le fer selon Imlioff coûte deux Piastres d’Espagne le Pikol, on
l’exporte pour Batavia et on le paie 175 pour cent d’avance. On fabrique
au Japon beaucoup d’ustensiles de cuisine en fer, on assure qu’on
peut y fabriquer des lames, façon de damas.
Le camphre est un article considérable d’exportation.
Le thé du Japon est inférieur à celui de la Chine, les Hollandais en
exportent néanmoins une grande quantité; il parait que l’arbre à thé
croit plus difficilement au J apon qu’à la Chine, l’usage du thé est très-
commun dans les deux empires, les Japonais ne boivent que le thé
verd et les Chinois le thé noir.
Le riz du Japon n’est pas d’une excellente qualité.