
3 -aa ANALYSE DE LA GUERRE SACRÉE,
qui tremble de mourir et' l’assure que son bras le cherchera, soit qu’il
se cache dans la profondeur de la terre, soit dans la plus haute région
de l’air. )
625 - 628. (Souyoudana sort de l’eau, il lui crie qu’il n’est point
par crainte dans la rivière, mais pour faire une adoration à Batara, il
provoque au combat Bima et plusieurs autres Pandawa.)
629 - 63g. (Bima et Souyoudana se battent. Ils frappent long-tems
la terre et les arbres sans pouvoir s’atteindre. Ils jettent leurs armes,
s’embrassent corps à corps, ils sont si serrés qu’ils ne paraissent être
qu’un seul homme et de n’avoir qu’une seule voix.)
640 - 656. (Arjouna frappe sa cuisse gauche avec sa main, il fait
souvenir à Bima que c’est la seule partie vulnérable de Souyoudana.
Bima aussitôt saisit sa massue et frappe Souyoudana dans la seule
partie où l’on peut le blesser. Souyoudana tombe, il expire foulé par
Bima, qui continue de l’insulter en triomphant de'lui; fatigué par tant
d’injures Kakrasna saisit une lance et veut le percer, mais Kresna
protège le héros.)
— Ici finit la copie javanaise du Brata Youdha, le manuscrit du
Raja de Blelling à Bali, renferme la suite dont voici Vextrait :
657 - 667. (La nuit vient, les Pandawa entrent dans la ville d’Astina,
là ils se réjouissent de leur victoire : satisfaits et fatigués, ils s’endorment
tous, excepté Kresna qui plaint le sort de Souyoudana, et qui erre
dans les montagnes, pour calmer son chagrin.)
668 - 719. (Après une longue suite de combats semblables à ceux
qui ont été décrits, tous les fils de Pandou ont péri, excepté un enfant
d’Abimanyou, qui n’est pas encore né. Le vieux Derma Wangsa, le
plus âgé des Pandawa, est souverain jusqu’à ce que le jeune prince
qui doit naître, soit en âge de monter sur le trône. Sous son administration
sage et douce, le royaume d’Astina fut florissant et tous les
princes de Java lui rendirent hommage. L’enfant posthume fut le grand
Parikisit, si connu dans l’histoire de cette île.)
Telle est l’analyse d’un poëme dont les beautés peuvent sans doute
entrer en comparaison avec un grand nombre de nos compositions
célèbres de l’antiquité et de l’Europe moderne. Nous nous abstiendrons
de tout commentaire, nos observations littéraires sortiraient du cadre
que nous avons tracé en commençant cet ouvrage, nous dirons seulement
que les principales règles prescrites par l’art poétique, entr’autres
l’unité d’action, l’augmentation progressive de l’intérêt, et le pathétique
des épisodes, se retrouvent dans ce poëme, chez des peuples qui
n’ont jamais eu la moindre connaissance dé notre Homère, de notre
Virgile ni de nos quatre poétiques.
Le tableau de la marche des enfans de Pandou, la douleur d’Arjounà,
au moment où ce héros va combattre ceux qui lui sont attachés
par les liens du sang, l’épisode de la veuve de Salia, depuis le
moment où un réve lui prédit le sort de son mari jusqu’à celui où
elle le rejoint dans les cieux, sont des passages qui feraient honneur
à nos meilleurs poëtes. Un ami de Mr Railles a fait une traduction de
cet épisode en vers anglais, il y compare plusieurs stances avec des
passages absolument semblables de Shakespeare et de Milton.
La justice est du côté des héros qu’un dieu bienfaisant favorise, ils
éprouvent une résistance longue, pénible et digne d’eux, les vainqueurs
succombent tous sur le champ d’honneur, un seul enfant recueille
l’héritage ensanglanté par les discordes fraternelles. Le règne de cet
enfant fut une époque de félicité qui fît oublier l'horreur des guerres
qui ont précédé sa naissance.
Après l’analyse de ce poeme, nous pensons utile de traduire en
entier f ouvrage classique intitulé Manek Maya, qui renferme la doctrine
mythologique des Javanais, on y verra sans doute plusieurs monstruosités,
mais on y trouvera des descriptions qui peuvent entrer en
parallèle avec la mythologie grecque.