
l 8 8 GHAPITRE X X X X ,
« Prabou Jaya Baya » disent les historiens, est un grand et puissant
» prince d'Astina, descendant au cinquième degré d’Arjouna, fils de
» Pandou Dewa Nata, après lequel régnèrent successivement Bimangou,
» Parakisit, Oudayana et Gandra Yana. Son Pengg’awa ou principal
» ministre était un homme entreprenant et doué de grands talens, il fut
» envoyé pour visiter les pays étrangers. Dans le cours de ses voyages
» il débarqua à Java, où habitait une race de Rasaksas, cette île était
» appelée Nousa Kendang. L’événement dont nous parlons arriva' la
» première année de l’ère javanaise et se trouve désigné dans le Chandra
» Sangkala par les mots Nir, Abou, Tonpo, Jalar ; qui signifient
» littéralement Aucune, Poussière, Aucun, Homme ; métaphore de la
» figure 000.1.
» Il découvrit le grain appelé Jawa-wut, qui était alors le principal
» aliment des liabitans et d’après cette découverte, il changea le nom
» du pays qui était Nousa Kendang en Nousa Jawa. En s’avançant
» dans l’île, il trouva les cadavres de deux Rasaksas, tenant chacun une
» feuille; l’une était une inscription en Pourwa (ancien caractère) et
» l’autre en Siamois, il les réunit pour en former les vingt lettres de
» l’alphabet javanais.
» Il eut à combattre plusieurs fois les Rasaksas, et particulièrement
» les Dewata Chengkar; après avoir fixé les dates de ses différentes
» découvertes et avoir laissé des souvenirs de sa visite, il retourna
» enfin a Astinà et rendit compte par écrit à son souverain de tout ce
» qu’il avait yu. »
Il y a plusieurs versions sur Aji Saka qui a fait un code de lois.
Selon Mr Willam Jones, Saka est un des noms de Boudha, selou d’autres
c’est un prince puissant; il y a des contradictions plus différentes encore.
Voici l’extrait de la chronologie prophétique des Javanais, que
l’empereur de Solo possède, nous verrons qu’il n’y est question d’Aji
Saka que dans l’année 1002. Nous avons préféré traduire littéralement ce
morceau d’Aji Jaya Baya et d’autres fragmens historiques, parce que nous
ne possédons en français aucune traduction des écrits de l’archipel indien;
HISTOIRE DE JAVA. l 8 û
« Ce qui fut primitivement connu de Java, dit cet extrait, était un
» rang de collines appelé Gounoung Kendang, qui s’étend sur la lon-
» gueur des côtes du nord et du sud, c’est là que l’île fut d’abord
» reconnue et que commence la première période de Tère de Java.
« An I. Après cela le prince de Rom envoya 20,000 familles
» au peuple de Java, elles périrent toutes à l’exception de vingt
» familles qui retournèrent à Rom. »
Le mot Rom désigne-t-il les Romains ? nous osons le présumer ;
les peuples de l’archipel indien ont confondu Alexandre, les Perses
et les Romains, en voici la preuve : Mr Railles traduit (t. 2. p. 108,)
un fragment du Sejara Malayou ( annales malaises, ) qui porte ce qui
suit : « il arriva que Raja Sekander (le prince Alexandre) fils de Raja
» Daroub (le prince Darius,) de la race de Makadouniah (Macédoine,)
» dont l’empire, était Zulkameiné, voulut voir lever le soleil et vint
» aux confins du pays de Hind (Inde.;)» il y vainquit Raja Kideh Hindi,
lui rendit ses états et épousa sa fille; il retourna en Macédoine après
quarante-cinq ans d’absence. Ce passage de Mr Railles donne une généalogie
complette de la race d’Alexandre et de cette princesse indienne,
qui ne quitta point son père après qu’elle lut enceinte; de cette race
provinrent les souverains de Sincapoura et de Malacca vers l’année 1276
de l’ère vulgaire. Remarquons en commentant Mr Railles, qu’Arrien
et Quinte-Curce nous font connaître des faits analogues concernant
Alexandre.
Nous savons en outre que les Ptolémées. favorisèrent le cabotage
de la mer Rouge au capColiaque (Comorin) et aux côtes de Coromandel
et d’Orixa; des monumens irrécusables attestent qu’Auguste, après la
réduction de l’Egypte en province romaine, augmenta considérablement
ce commerce et que les navires de l’empire romain venaient annuellement,
au nombre d’au-delà de 120, à l’embouchure du Gange, où
arrivaient les navires des Sères et des autres peuples situés à l’orient du
Gange, parmi lesquels on compte les Malais. Je pense qu’on a tort
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