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Les animaux tues par l’Antschar ont été disséqués. Les grands vaisseaux
du tliorax, l’aorte et la veine cave étaient très-affectés, les viscères
voisins des sources de la circulation et surtout les poumons étaient
engorges, mais le cerveau ne se trouvait que peu ou point attaque'.
Les effets mortels du Tschettik opèrent d’une manière totalement
différente : les viscères du thorax et de l’abdomen n’ofïrent que les
symptômes d’une mort occasionnée par les poisons ordinaires, le
cerveau et la dure-mère sont tellement affectés, tellement rouges et
enflammés que l’animal parait avoir reçu une violente contusion. Le
Tschettik est le plus terrible des poisons connus. L’animal tué par l’un
de ces deux poisons peut servir de nourriture aux hommes lorsqu’on
en a extrait les parties attaquées par la substance vénéneuse.
Nous terminerons ce chapitre en faisant observer que depuis l’année
1820 l’île.de Java est enrichie d’un nouveau végétal qui était étranger
aux Indes-Orientales, c’est la Vanille Aromatique de l’Amérique méridionale,
dont Mr le docteur Sommé d’Anvers nous a donné un pied que
nous avons remis à Mr le professeur Reinwardt, et qui fut planté
dans les-jardins de Buitenzorg, où nous l’avons vu. Nous croyons
devoir éveiller l’attention du commerce des Pays-Bas sur cette importante
et lucrative conquête faite au nouyeau monde.
CHAPITRE VI.
Animaux.
Parmi les mammifères, l’éléphant qui est indigène à Sumatra n’a
point pénétré dans l’état sauvage à Java. Le chameau et l’âne y sont
inconnus. Les chevaux sont petits, n’y excèdent point i 3 paumes et
paraissent originaires d’Arabie. Le boeuf et la vache prospèrent partout,
mais principalement dans la partie orientale de l’île. Le buffle
sert aux travaux de l’agriculture. Les chèvres y donnent un lait
délicieux. La chair du porc est excellente. Les Chinois ont une variété
de cet animal qui n’est presque pas connue en Europe.
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Parmi les mammifères sauvages le tigre ( feles tigris ) une autre
espèce qui parait être le léopard de Pennaiït, le chat tigre, le jackal,
le rhinocéros, des cerfs de plusieurs espèces inconnues à l’Europe, et
surtout une foule de quadrumanes de toutes couleurs et de toute grandeur,
peuplent les forêts de Java.
Parmi les oiseaux, on retrouve tous ceux qui sont en étatudé domesticité
en Europe, la plupart y ont été naturalisés. La famille des perroquets
y est variée d’une foule d’individus inconnus aux autres contrées de
la zone torride. Le lori rouge, aux ailes irisées en violet, et le cacatou
qui est blanc, ayant une aigrette jaunâtre, sont communs à Java; ces
deux espèces d’oiseaux' se font remarquer par leur intelligence. Les
variétés bleues et noires du lori qui habitent les Moluques ont sans
doute donné lieu au plus intéressant des contes des mille et une
nuits, car les Arabes de Bagdad avaient de fréquentes relations avec
les îles de l’archipel indien, et l’on y rencontre beaucoup de choses que
ces récits ingénieux rapportent. Le casoar, ce haut gallinacée dont
les pennes des ailes n’ont point de barbules, qui ressemble à l’autruche
par sa taille, au sanglier par ses plumes et à la chèvre par son crâne,
est naturalisé à Java.
Une espèce d’hirondelle, ( hirundo esculenta ) habite les cavernes
profondes et ténébreuses de la cote du sud : elle y construit avec une
sécrétion qu’on n’a pas encore parfaitement analysée, des nids que la
gourmandise des Chinois paie au poids de l’or. Pour recueillir ces nids,
un Javanais se glisse dans les crevasses caverneuses, au moyen d’une
corde ; il tient à la main une bougie de gomme élastique ( ficus elas-
tica) sur laquelle est un éteignoir : lorsqu’il croit toucher un nid, il
lève l’éteignoir, la flamme aussitôt reparait, tant la combustibilité de la
gomme élastique est prompte. De cette manière il n’effraie point les
nombreuses hirondelles que ces cavernes renferment.
L’oiseau du Paradis, est souvent importé à Java : on en connaît déjà
au-delà de onze variétés d’une beauté supérieure.
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