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n’a pas moins de trois milles anglais : pendant le siège de 1812, quinze
mille personnes y e'taient enfermées. Celui de Souracarta n’est pas
aussi étendu.
L’entrée principale du Kraton ést du côté de l’alun alun, c’est un large
escalier : à son sommet il y a une plate-forme appelée setingel. C’est là que
le monarque est investi de l’autorité suprême, et qu’il se montre souvent
à ses peuples; les Pangerans, princes de sa famille, et sa noblesse sont
sur les marches, au-dessous de lui.
Au milieu de l’alun alun et sur le front de la plate-forme du Setingel,
il y a deux vareigners, cet arbre majestueux, de la famille des figuiers,
est considéré comme l’indication de la résidénce royale depuis les
premiers tems de l’histoire de Java.
La principale porte par laquelle on entre habituellement dans le palais
est appelée Brojo nolo. On entre dans une grande cour : on pénètre ensuite
dans une seconde cour par une autre porte; enfin on arrive a une
place carrée, au centre de laquelle est le Mendopo, ou Bangsal, vaste
galerie ouverte, supportée par un double rang de piliers et richement
décorée de peintures et de dorures. D’un côté de la place, il y a deux
petits Mendopos pour recevoir les Pangerans avant l’audience du monarque
; de l’autre côté se trouve son appartement. Les lambris du Mendopo
de Yugyakerta sont remarquables par leur magnificence : les dessins
répètent souvent plusieurs carrés dont les aires diminuent progressivement
les unes dans les autres; ce genre d’ornement est particulier a
Java, il se rapproche de l’architecture des Birmans et de Siam.
Les palais des gouverneurs de provinces et des nobles ont la meme
distribution que le palais du nlonarque. La mosquée s’étend sur un
côté de l’alun alun.
L’ameublement des habitations de la basse classe est très-simple. Les
lits ne sont composés que d’une natte fine et d’oreillers recouverts
d’étoffes coloriées; ils ressemblent à nos canapés. Un Javanais ne se
sert ni de tables, ni de chaises; il s’assied en se croisant les jambes,
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pour prendre les repas. Les mets sont dans de petits vases de cuivre
ou de porcelaine commune de Chine, ils sont servis sur un grand
plat de cuivre ou de bois. On n’y touche qu’avec un doigt et le pouce ,
en ne faisant usage que de la main droite, selon la coutume des peuples
mahométans. On n’emploie la cuiller que pour les liquides, on se sert
rarement de la fourchette ou du couteau.
Chez les personnes d’un rang distingué, l’ameublement est plus nombreux.
Partout il y a des nattes, des tapis, des piles d’oreillers et des lits.
Dans les provinces administrées directement par le gouvernement des
Pays-Bas, il y a des miroirs, des tables et des chaises. L’usage s’en est
introduit pour recevoir les visites des Européens, il est devenu ensuite
un objet de luxe pour les chefs indigènes : il y a dans la plupart de
ces maisons, des chambres meublées entièrement à l’européenne, pour
recevoir les chefs du gouvernement : aucun indigène ne se fera le
moindre scrupule de s’asseoir à table avec ses hôtes, malgré la difïérence
de religion. Les canapés sont recouverts d’étoffes des Indes-Occidentales.
Les illuminations des jours de fête sont brillantes : on couvre de
festons enflammés les bambous, les cocotiers et les autres plantes
arborescentes qui ornent les jardins des environs.
CHAPITRE XUI.
Habillement.
Les habitans de Java sont mieux vêtus que ceux des Antilles : l’habillement
est indispensable ¡dans plusieurs provinces de l’intérieur et dans
les parties élevées de l’île, parce que la température y est très-modérée.
La majeure partie de l’habillement est le produit de la culture du sol,
quelques articles néanmoins proviennent des pays, étrangers. Les étoffes
bleues et les cotons des Indes-Occidentales, les draps, les velours et
d’autres objets sont importés en grande quantité pour l’usage des chefs
de la nation; ils imitent quelques parties de notre costume européen
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