
natifs de la côte orientale de l’Inde continentale; les Javanais ont
néanmoins reçu des Indous les caractères numériques et ils ont l’usage de
les former par des entailles sur des morceaux de bambou. Les femmes
ont plus d’adresse que les hommes dans le calcul et elles sont employées
souvent en qualité de changeurs.
L histoire de 1 origine des chiffres dans ces contrées, serait l’objet
dune dissertation intéressante. Il parait que chaque peuple avait
autrefois un système particulier de numération, on en trouve des traces
dans leurs langues respectives ; ceux de Tambora et de Ternate ont
conservé les formes primitives. Il y a cependant des données générales
qui sont applicables à tous ces peuples depuis Madagascar jusqu’aux
Philippines et même jusques dans la mer du Sud.
Le plus bas ternie de classification est l’échelle binaire. Les peuples
à cheveux laineux de la presqu’île de Malacca ne comptent pas au-delà
de deux. Le mot nai signifie un et be signifie deux.
L’échelle quaternaire existe dans le dialecte appelé en/le, l’un de
ceux qui sont en usage à Flores. Le mot woutou, dont la dérivation
est inconnue, exprime le radical quatre. Le mot huit est exprimé par
deiix fois quatre.
L’échelle quinaire ou calcul par cinq est fort commune dans l’archipel
indien. Les nations les moins civilisées de l’est eh font usage. Dans
la langue de Célèbes, le mot lima signifie cinq et en même tems la
main; à Ende on dit cinq et un, au lieu de six, cinq et deux au lieu
de sept.
Il paraît qu’autrefois les montagnards de Sunda calculaient par six,
on le présume parce que le mot ganap signifie six et total.
L’échelle de'naire c’est-à-dirê le calcul par dixaine, a prévalu dans
tout l’archipel indien, comme dans le reste du monde, en raison des
progrès de civilisation. Il est évident que ce calcul est fondé sur le
développement des dix doigts des deux mains. Ainsi l’échelle quinaire
qui était la manière primitive de compter à Java et à Célèbes est la
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méthode la plus simple et la plus naturelle, puisqu’elle n’emploie que
les cinq doigts d’une seule main.
Mr Crawfurd a cherché inutilement l’origine de l’usage des dixaines,
centaines et mille, il a trouve que plusieurs peuples exprimaient vingt,
trente, quarante etc. par les mots deux dixaines, trois dixaines, quatre
dixaines etc. Le mot widak signifie soixante dans le javanais, ce qui lui
fait présumer quelques restes de l’échelle quinaire, parce qu il marque un
nouveau commencement de série ; on dit ekat cinquante et lawe vingt-cinq.
Pour dire trente-cinq, et quarante-cinq, on se sert des, expressions
cinq moins quarante, cinq moins cinquante. On forme la série de dix
a vingt en ajoutant la particule inséparable blas ou walas qui païait
être le même que le mot talas, qui signifie fini ou terminé. On forme
les nombres de vingt à trente en ajoutant le mot likor dont Mr Crawiurd
n’a pu trouver l’étymologie. Les nombres de cent a mille et plus élevés,
s’expriment selon l’échelle dénaire.
L’expression mille, est la plus haute de la série numérique de tous
les peuples de l’archipel indien, excepté les Javanais. Il est étonnant
que tous ces peuples ont adopté vulgairement les expressions vicieuses
suivantes : dix mille au lieu de cent mille, cent mille pour dix millions,
et dix mille pour un million. Mr Crawfurd fait connaître cette singularité
sur le témoignage de Mr Colebrook. Les seuls peuples de
Lampong ne se servent point de ces expressions vicieuses. Le mot
laka signifie chez eux 100,000 au sens exact.
Le dialecte de cérémonie des Javanais nous donne un moyen lumineux
de découvrir l’origine des 4 premiers chiffres, un désigne la
forme la plus simple, c’est le mot tunggil qui signifie seul par lui-
même, deux (kaleh) signifie avec un autre, ce qui désigne un objet
corrélatif, le mot trois est sanscrit, le mot quatre (kawan) signifie une
touffe de poils d’un animal, probablement pour désigner une idée
collective, l’étymologie du mot gangs al c’est-à-dire c i n q est inconnue.
Le nombre ordinal se forme en ajoutant au nombre la particule
ka ou peng.