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dans 1 année i43o de notre ère, et quïls ne l’occupèrent point pendant
au-délà de 231 ans; ils ne vinrent aux Philippines qu’après que les
Espagnols y eurent donné des garanties de la manière dont ils y seraient
traités. „
La population timide de la Chine né fournit des colons qu’aux
possessions européennes; très-peu d’entr’eux ont le courage de s’établir
dans les états des gouvernemens indigènes. Les institutions politiques
de la Chine sont remarquables par leur but vers la tranquilité. Ce
caractère paisible a contribué à l’accroissement de la population de
1 empire, sur un sol fertile, et cet accroissement de population a forcé
1 industrie de se déployer. Cette industrie s’est principalement dirigée
vers les objets de première nécessité et de sensualité, plutôt que vers
les connaissances intellectuelles.
Le célèbre voyageur Marc-Paul est le premier qui nous ait fait connaître
les Chinois. Un prince tartaré de la Perse envoya des ambassadeurs
à Koublaï, empereur de la Chine, son parent, pour en obtenir une femme.
Une jeune princesse de la famille impériale lui fut accordée, mais elle
craignait de se rendre en Perse par terre, cette route étant presque
impraticable à cause des guerres qui se faisaient entre les princes de
l’Asie; les compagnons de Paul étaient à la cour de Koublaï, et ce
commerçant revenait d’un voyage qu’il avait fait dans les îles de l’Inde.
L’ambassadeur de Perse en apprenant cette nouvelle, lui proposa
de retourner par mer dans sa patrie, espérant que les Européens lui
serviraient de pilotes ; « Marc-Paul, dit-il lui-même dans sa relation,
» venait rendre compte au Grand-Khan, des résultats de ses voyages
» dans les contrées qu’il avait visitées, et des mers qui offraient le plus de
» facilité pour la navigation! Cette dernière circonstance vint aux oreilles
» des trois ambassadeurs, qui désiraient beaucoup trouver les moyens
» de retourner dans leurs pays, dont ils étaient absents depuis trois ansf;
» ils, eurent une conférence avec les Vénitiens qui désiraient également
» de retourner en Europe : ils obtinrent une audience du Grand-Khan ,
, DU COMMERCE AVEC LES CHINOIS. l 3 l
» et lui démontrèrent la sûreté qu’offrait un voyage par mer pour la
» jeune princesse. »
L’empereur y consentit, l’ambassade et les .Européens mirent à la
voile de Peiho pendant l’année 1291 ; leur flotte était composée de 14
jonques ou navires chinois, approvisionnées pour deux ans. Ils firent
en trois mois la route jusqu’à Sumatra, route qu’une jonque chinoise
fait aujourd’hui dans le quart de ce tems; ils mirent dix-huit mois pour
arriver à Ormus. Nous pouvons conclure de.ce récit de Marc-Paul, que
ces mers étaient inconnues aux Chinois avant lui: mettre dix-huit mois
pour aller de la Chine au golfe persique, prouve évidemment l’inexpérience
des Chinois. Le désir que Koublaï avait manifesté de connaître
ces îles, par les rapports de Marc-Paul, est une preuve que les Chinois
n’avaient jamais visité l’archipel indien, quoique le prince ne manquât
point de vaisseaux, puisqu’il envoya 240,000 hommes sur 10,000 navires
pour faire la guerre au Japon. Nous ajouterons que si les Chinois avaient
été répandus dans l’Inde avant l’arrivée des Portugais, ceux-ci les
auraient accompagnés jusqn’en Chine.
Il est probable que les Arabes faisaient directement le commerce
de l’archipel indien et de la Chine, vers le neuvième siècle. Si nous
pouvions invoquer le témoignage des, étymologies, nous dirions que les
côtes maritimes de L’empire chinois sont appelées Chin, d’une dénomination
arabe, qui n’est pas un mot chinois. On a prétendu que les Chinois
ont inventé la boussole, je ne sais si l’on peut comparer cette invention
si savante en Europe, avec les figures grossières et inutiles de fer
aimanté, que l’on voit dans la Chine. Ce qu’il y a de certain, c'est que
les Arabes qui étaient depuis 600 ans en relations avec les Chinois et qui
avaient converti beaucoup de Chinois à l’islamisme, ignoraient l’usage
de la boussole, avant l’arrivée de Vasco de Gama.
Les Chinois ne s’éloignent point de la terre dans leur navigation.
Mr Grawfurd vit arriver d’Emojy, en Chine, à Samarang, île de Java,
une jonque chinoise en treize jours de tems, elle était gouvernée