
CHAPITRE XXIX.
Du Commerce de l’Est.
Continuons l’extrait de Mr Crawfurd. Un simple galion de 1200 à 15oo
tonneaux met à la voile annuellement d’Acapulco pour Manille.
Une loi limite le chargement à un demi million de piastres d’Espagne,
mais la contrebande le porte à un million et demi ou deux millions.
Les corporations ecclésiastiques de Manille ont une part considérable
au monopole de ce commerce, soit en agissant directement, soit en
prêtant des capitaux aux marchands. Le galion part de Manille depuis
le milieu de juin jusqu’au commencement d’août, lorsque la mousson
d’ouest est dans sa plus grande force. Le voyage qui se faisait autrefois
en cinq à six mois, se fait maintenant en trois ou quatre mois,
malgré l’imperfection de la marine espagnole; l’on gagne les latitudes
variables des vents d’ouest que Mr Humbold appelle les contre-courants
athmosphériques, entre les 28e et 55e degrés de latitude; enfin on
se dirige au sud-est vers Acapulco. Le retour se fait dans la moitié
de ce tems, quoique l’on aille prendre de l’eau aux îles Mariannes et
quelquefois aux îles Sandwich.
Outre le galion principal, il y a un petit bâtiment qui fait voile
vers Lima. Lorsque le Pérou sera délivré du joug du monopole de là
compagnie des Philippines, dit Mr Humbold, les expéditions, affranchies
et sans entraves, se dirigeront de Manille à Canton et de là au Mexique :
à leur retour elles visiteront les côtes de la Nouvelle-Hollande, ainsi que
les établissemens de tout l’Océan-Pacifique que les galions se bornent à
traverser aujourd’hui. Manille est une position excellente pour le transit.,
Les chàrgemens actuels du galion sont les produits de la Chine, de
l’Indostan et des Moluques; des soies, des cotons et des épiceries. Le
principal article de retour est l’argent des mines du Mexique, pour
la valeur d’un million à treize cent mille piastres d’Espagne.
Le commerce de l’archipel indien avec le continent de l’Inde est
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appelé ordinairement commerce de l’est, sa principale direction est
le Bengale. Les marchands malais naviguent sur des bâtimens de 2 à 3oo
tonneaux. Les principales exportations du Bengale consistent en opium
et cotons; les retours en or, étain et poivre. En conséquence de l’importation
des cotons anglais par des navires libres et de l’importation de
l’opium turc par ces mêmes navires et par les Américains, ce commerce
a beaucoup décliné. Avant l’introduction de l’usage de l’opium turc
l’exportation pour l’archipel indien était de neuf cents colis annuellement,
qui équivalent à 1,000 quintaux de cette drogue. Le montant du
poivre importé des îles au Bengale, s’est élevé à 15,428 quintaux, pendant
onze années, et celui de rétain pendant le même espace de tems,a été
dé 6,000 quintaux. Le montant annuel des exportations de l’archipel
indien au Bengale est de 429,420 livres sterlings, et celui des importations
s’élève à 53o,88o liv. st. La balance du commerce de l’archipel à Madras,
n’est que de 180,000 livres sterlings d’exportation et2o5,ooo liv. st. d’importation.
Les perses et autres étoffes de coton de Madras entraient autrefois
pour une partie considérable dans les exportations , le Bengale a eu
d’abord l’avantage, à cause de la modicité du prix, l’Angleterre a supplanté
ensuite Madras et le Bengale. Nous faisons mention de ces détails, pàrce
que Bruxelles, Gand et d’autres villes des Pays-Bas ont de belles manufactures
d’indiennes qui peuvent rivaliser avec l’Angleterre ; Courtray produit
des toiles qui par la finesse et là blancheur de leur tissu pourraient
entrer en concurrence avec les plus beaux blancs de l’Inde. Il parait que
le montant total des exportations du continent de l’Inde aux îles s’élève
à 840,000 liv. st. ou 22,180,000 francs et les importations à 781,400
liv. st. ou 18,853,600 francs.
CHAPITRE XXX.
Description des articles d’exportation du règne végétal.
Le riz est le premier des articles d’exportation, les meilleures espèces
proviennent de Java, de Bali, d’une partie de Célèbes, de Sumatra et