
5 2 CHAPITRE x ;
Quelquefois des musulmans fanatiques prétextent l'ivresse de l’opium
pour parcourir les rues, le kris à la main et assassiner ceux qui ne
croient point au prophète. Une ordonnance de police permet à chacun
de tuer ces individus furieux, sans aucune forme de procès, comme
des bêtes enragées
H » L’opium, dit Mr Van Hogendorp, est un poison lent mais certain,
» que la compagnie des Indes vend aux malheureux Javanais uniquement
» pour gagner de l’argent. Lorsqu’on a commencé à prendre cette
» habitude, on ne peut plus s’en défaire ; s’il était entièrement prohibé
» les personnes accoutumées d’en faire usage mourraient de cette
» privation, ou du moins en souffriraient long-tems, mais sa prohibition
» serait un bonheur pour la postérité. Que de crimes, que de meurtres
» pnt été commis pendant l’ivresse de l’opium! ».
» Une grande quantité de numéraire sort du pays chaque année, pour
» aller enrichir les Anglais, nos compétiteurs. La contrebande augmente
» le mal, sans doute le commerce de l’opium devra être un jour prohibe
» et puni par les peines les plus sévères, puisque cette denrée est
» un poison; alors la contrebande en deviendra impossible. La santé,
» la vie même de plusieurs milliers d’individus sera conservée ; 1 argent
» restera dans le pays et les bénéfices de sa circulation seront supérieurs
» au profit que la compagnie retire actuellement de ce commerce.
» Cette mesure n’excitera point de mécontentement parmi les Javanais,
» car les princes, les régens, à très-peu d’exceptions près, ne consomment
» point d’opium, l’usage de l’opium est considéré comme une accusation
» de mauvaise conduite. »
Telle est la substance des observations philantropiques d’un de nos plus
respectables concitoyens; ses observations doivent porter le caractère
d’une vérité bien incontestable, puisque Mr Railles, fonctionnaire anglais
n’a pu se dispenser de traduire ces mots de Mr Van Hogendorp ( and
enrich our cômpetitors, the English, et enrichit nos compétiteurs, les
Anglais) mots qui sont évidemment contre les intérêts de sa nation.
Des Jeux et Amusemens.
Le coq est l’animal favori des insulaires de l’archipel indien, à cause
de son courage : les poésies sont remplies de l’excellence des combats
de coqs; la race la plus estimée provient de Ce'lèbes. A Java on les
fait combattre sans éperon, à la manière des mahométans de l’Indostan;
à Célèbes on leur attache un éperon artificiel de la forme d’une petite
faucille ; cette arme, malgré sa cruelle apparence, est moins meurtrière
que les éperons dont on se sert en Angleterre.
Le combat de cailles est très-commun à Java. La meilleure race
vient de l’île de Lombok. On emploie la femelle pour ces jeux cruels, le
mâle étant plus timide, et plus petit.
Les Javanais ne dédaignent pas de s’amuser du combat de deux grillons;
ils n’hésitent point de parier des sommes considérables pour ou contre
les succès d’un des deux insectes combattans. On excite ces petits animaux
en titillant leurs mendibules avec un brin d’herbe.
La puérilité des Javanais dans leurs jeux serait le sujet d’un très-
long chapitre, si nous voulions décrire en détail tous les aînusemens
qui leur font perdre un tems infini. Ils seraient heureux, s’il ne perdaient
que de longs instans d’un loisir qui est l’avantage d’un climat qui leur
fournit les moyens d’existence presque sans peine, mais ils risquent
continuellement leur argent à des gageures : rencontrent-ils un jeu dont
ils ne seront que spectateurs ? ils se mettent à parier.
Le croirait-on, l’objet dont doit dépendre la fortune d’un des deux
adversaires est souvent un cerf-volant. Le but des efforts de chaque
joueur est de détruire le cordon de celui de son adversaire. On voit
souvent cinquante à soixante cerfs-volans sur une ville de Java.
Il y a des divertisseinens publics qui ne dépendent point des
chances du jeu, ce sont les combats des animaux redoutables. Celui
du buffle et du tigre est préféré à tous les autres.
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