
acoompagner de ses femmes et de ses serviteurs. Ils prirent tous la route
de Kediri, le.3.5 décembre 1679; ils se jetèrent aux pieds du Sousounan
en implorant la grâce de Trouna : cê malheureux n’avait point de kris, un
Chindi était roulé autour de son corps, comme s’il était prisonnier. « C’est
» bien, Trouna Jaya, dit le monarque, je vous pardonne. Sortez pour
»: vous habiller selon votre rang et revenez ensuite ; je vous ferai pré-
» sent d’un Kris et je vous installerai en qualité de mon ministre. »
Trouna publie, en sortant, la clémence du prince : il revient, le Sousounan
ordonne à sa femme de lui donner le Kris, appelé Kiai Belabar, qui
était tiré hors du fourreau. <:< Apprends, Trouna Jaya, dit le monarque,
» que j’ai juré de ne tirer cette arme de son fourreau, que pour la plonger
» dans ton corps : reçois la mort en punition de tes offenses. » En effet
le malheureux Trouna venait de recevoir le coup fatal; sa tête fut
ensuite tranchée, son corps fut traîné dans les immondices et jeté dans
une fosse.
Yalentyn raconte cet événement avec d’autres circonstances; mais
Mr Railles doute des récits de çet écrivain, dont l’exactitude est souvent
suspectée.
La tranquillité fut rétablie, le Sousounan retourna à Samarang et
pour témoigner sa reconnaissance aux Hollandais, il leur y accorda
assez de terrain pour construire un fort et il espéra dans leurs secours
lorsque de nouvelles occasions se présentaient.
Les Javanais croient qu’une fois que le malheur s’est étendu sur
une place, la prospérité n’y revient jamais, cette idée superstitieuse fut
la cause que le Sousounan résolut d’abandonner Matarem; il voulut fi^er
sa résidence à Samarang, mais il se décida ensuite à l’établir dans
le district de Pajang au milieu de la forêt de Wana Kerta et la nouvelle
capitale fut appelée Kerta Soura, les murs en existent encore sur la
route de Soura Kerta, capitale actuelle du Sousounan. En l’année i 6o5
de Java ( 1662 d« l’ère v. ) '.le Sousounan Mangkourat mourut : on
blâma son successeur Amangkou Nagara appelé vulgairement MangÉTABLISSEMENT
DES HOLLANDAIS. 227
kourat Mas, parce qu’il s’était hâté de prendre les rênes du gouvernement
avant que les honneurs funèbres eussent été rendus au monarque défunt.
La Compagnie l’invita à confirmer l’acte du 28 fe'vrier précédent, qui
cédait en toute souveraineté aux Hollandais le royaume de Jakatra;
entre les rivières d'Untoung Jawa et de Krawang, et à accorder en
reconnaissance des services de l’amiral Speelman, pendant la révolte de
Trouna Jaya, tout le pays entre les rivières de Krawang et de Pana-
roukan. Nous dirons ici qu’une charte du i 5 janvier 1678, octroyée
par le Sousounan précédent, plaça le commerce du sucre de Japara entre
les mains des Hollandais ; que la Compagnie acquit de nouveaux droits
sur Samarang et que par un traité du 17 avril 1684, la frontière
entre le royaume hollandais de Jakatra et les états du roi de Bantam
fut déterminée sur le cours entier de la rivière de Tang’ran ou Untoung
Jawa; qu’un autre traité du 6 janvier 1684 entre la Compagnie et le
sultan de Chéribon assurait l’amitié de ce prince et autorisait une
factorerie à Chéribon.
Cent jours après la mort du sultan Mengkourat premier, 011
célébra les funérailles selon l’usage. Pendant la cérémonie, le Sousounan
conçut une passion pour la femme de l’Adipati de Madura, il
voulut lui faire violence, mais elle s’échappa. Son mari se réfugia
à Samarang , invita Pangeran Pugar oncle du Sousounan, à prendre
la couronne et à se placer sous la protection des Hollandais. Le
Sousounan voulut faire mettre à mort le fils du Pangeran, mais deux
éruptions du Merapi, volcan énorme de cette üc, l’effrayèrent au point
qu’il pensa que le ciel favorisait le Pangeran ; il accorda la vie à son fils
et lui donna 1000 Chackas. Il envoya un régent en ambassade à Batavia,
dans le même tems que le Pangeran y envoyait aussi une ambassade.
La Compagnie répondit au chargé d’affaires du Sousounan, que l’on traita
comme un simple messager, qu’elle ne pouvait reconnaître son maître
pour monarque, i° parce qu’il était un tyran, qu’il avait excité son père
contre les Hollandais ; 20 parce que l’ambassade au lieu de consister en