
3 1 0 ANALYSE DE LA GUERRE SACRÉE.
(Mesure Sragdara.)
g5. A la chute du jour, les Pandawa se rassemblèrent dans la
capitale de Wirata, ils e'taient brillans comme le soleil du matin
qui s’élève entre les montagnes; leur nombre était aussi compacte
que les vagues de la mer. Un bruit semblable au tonnerre de la cime
des montagnes est le signal du départ; les éléphans, les chevaux, les
chars, revêtus d’étoffes éclatantes d’o r , sont en mouvement.
96. Des fleurs Sans nombre sont jetées comme des nuages devant
eux, le son de la musique guerrière était clair, il inspirait la victoire
et le triomphe dans le coeur des fils de Pandou. Lorsque les fleurs
cessèrent de tomber, un vent frais s’éleva pour favoriser leur marche ;
les dieux étaient assemblés sur la hauteur des cieux et faisaient des
voeux pour le succès de la guerre.
97. Bima marche à la tête, ce valeureux, ce brave a pris ce poste;
il est sauvage d’impatience de se battre, il est attentif à chercher
des obstacles, il est à pied, il secoue son épée dans l’air pour son
amusement. Il a l’habitude de conquérir et sur mer et sur les
montagnes, les éléphans et les lions furent ses dépouilles.
98. Dans sa rage il était le dominateur comme l’éléphant de la
forêt, il palpite du désir de rencontrer le chef ennemi; il crie
très-fort pour le provoquer ; sa voix devient semblable au rugissement
du tigre que tout un pays entend, le son en est répété dans les
trois mondes.
99. Derrière lui suivait Arjouna; il est assis sur un char magnifique,
dont les ornemens sont dessinés en or. Il est à l’ombre d’un
payon d’or (parasol,) il est enflammé comme la montagne brûlante^
il menace la destruction d’Astina et de ses princes; sa bannière
représente un singe, elle flotte dans les airs et frappe les nuages
dans sa course; Arjouna ressemble à l’orage qui fait éclater à la
fois le tonnerre et l’éclair, présages de la victoire.
100. Après lui viennent Aria Nakouta et Sadawa, montés sur
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un char de verdure d’un travail exquis; iis ressemblent en beauté
aux deux divinités du ciel, ils ont soif du désir d’attaquer la jeunesse
d’Astina, leur bannière flotte dans les airs comme un sombre nuage
qui va se fondre en toirens. Prêts à combattre comme le tonnerre
avant l’éclair, leurs mouvemens sont ceux des abeilles qui cherchent
leur nourriture.
101. Aria Outara et Soeta les suivent tranquillement, ils sont montés
sur un char ; Drousta Driouma et Droupadi sont près d’eux, Sikandi
est à côté d’eux. Des chars innombrables, des éléphans, des chevaux
forment une cavalcade qui remplit la route entière. Un même esprit
anime et élève les guerriers et les animaux; ainsi une pluie subite
vient ranimer le poisson.
102. Enfin on voit Droupadi, elle est sur une litière d’or, sous l’ombre
d’un payon de plumes de paon, elle ressemble à la déesse dont
l’image est d’or, ses longs cheveux détachés flottent au gré des vents,
elle a fait voeu de ne les attacher que lorsqu’ils auront été baignés
dans le sang de l’ennemi.
103. A sa suite on voit Darma Sounou, monté sur un éléphant blanc,
ce prince porte dans une boîte d’or, le poustaka jaune, (poignard sacré,)
lorsqu’il tire cet instrument de guerre, personne ne l’égale en puissance
et en courage.
104. Kresna s’avance sur son char d’or, il est à l’ombre d’un
payon blanc, il prend plaisir d’être à l’arrière-garde avec lies princes
aînés, ses hôtes royaux; près de ce dieu sont les chakra et les couchs,
instrumens de musique, et les princes de sa suite, sont portés sur
des éléphans blancs, dont les cris s’élèvent et s’unissent; ce bruit retentit
sur toute la colonne.
1 o5. Derrière Kresna vient Bimanyou, fils d’Arjouna, avec les
machines de guerre; Satiaki l’accompagne, assis sur un éléphant,
suivi de nombreux serviteurs, richement habillés de vestes d’or.
106. Ensuite viennent Panchawa et Witia, tous deux fils de Pandou,