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» la force de retourner chez eux, quelques-uns tombèrent en route et
» s’endormirent, d’autres furent portés chez eux par leurs esclaves,
» et le plus grand nombre S’endormit ça et là autour de la place
» publique. »
Les romans malais ont peu de génie, jamais ils ne cherchent un
but moral, iis se contentent de satisfaire une imagination crédule.
Le langage a en général de la monotonie.
Le malais a pris son origine dans le royaume de Menang Kabao,
a Sumatra ; il s’est répandu dans la presqu’île de Malacca et de là sur
les côtes de Bornéo, ensuite dans quelques parties de Sumatra, sur
les côtes de Java, de Célèbes et dans les îles plus orientales. On peut
l’appeler la langue franque de l’archipel indien, puisqu’elle est un moyen
général de se faire entendre parmi les divers insulaires entr’eux et
dans les relations des Européens avec ces insulaires.
Il y a une uniformité surprenante dans le langage écrit et parlé de
toutes les tribus malaises ; cette circonstance doit être attribuée à la
similitude de leur situation, et à leurs moeurs stationnaires depuis
plusieurs siècles, celui de Menang Kabao en diffière beaucoup. Mr
Crawfurd présume que le pays de Reddak est l’endroit où l’on parle
le mieux le malais. Dans les établissèmens européens, il est le plus
mêlé de hollandais et de portugais.
CHAPITRE LU.
Du Langage et de la Littérature de Célèbes.
La grande de de Célebes est un centre de civilisation ainsi que nous
l’avons dit au commencement de cet ouvrage, l’alphabet consiste en
18 consonnes et 5 voyelles, auxquelles on ajoute 4 consonnes supplémentaires
qui ne sont guères que des aspirations, et une voyelle
additionnelle, savoir ; k, g, ng, kh, p, b, m, p h ,t, d , n, r ,c h , j , nya,
DU LANGAGE DE CÉLÈBES. -2Ô3
chh, h , r , 1, w, s, a, eh, e , i , o , u. Il est étonnant que la classification
particulière et technique de l’alphabet sanscrit ait été adoptée dans
l’alphabet de Célèbes, quoiqu’il fût rejeté dans celui de Java.
Excepté les dialectes de quelques tribus sauvages, d y a deux langages
principaux à Célèbes, celui des Bougis et celui de Macassar, appelés
wougis et mangkasara dans le pays. Le bougis est plus riche, plus
cultivé que le macassarais; tous les deux ont en partage la simplicité
de structure de tous les langages de l'archipel indien, et se distinguent
même comparativement au malais, par la douceur et la vocalisation
de la prononciation; le macassarais a surtout cette propriété. Aucun
mot ne se termine par une consonne, excepté par ng nasale. Jamais
deux consonnes ne se rencontrent; il en résulte que ces peuples
prononcent très-difficilement le hollandais ou l’anglais. Le meilleur
macassarais est celui de Çoa, le plus mauvais est celui de Tourateà.
On dit que les Bougis possèdent un ancien langage, équivalant au
kawi de Java et au pali des nations bouddhistes, mais sa connaissance
est peu répandue.
Les ouvrages macassarais sont peu nombreux, mais les Bougis ont
un corps considérable de littérature qui consiste en contes et romans
basés sur des légendes nationales et des traditions, et sur des traductions
du malais et du javanais, sur des récits historiques depuis l’introduction
du mahométisme, et sur des ouvrages de jurisprudence et de théologie
provenant de l’arabe. On y trouve généralement un caractère de
faiblesse, de puérilité et d’excessive crédulité. La poésie des peuples
de Célèbes a plus d’énergie que celle des autres peuples de 1 archipel
indien- Nous citerons un exemple de leurs poemes.
« Je t’aimerai toujours, quand même le monde te haïrait; mon amour
» pour toi ne pourrait s’altérer que s’il y avait deux soleils dans
» le firmament. Enfonce-toi dans la terre, ou passe au milieu d’un
» feu, je veux te suivre. Je t’aime et notre amour est réciproque,
» le destin ne peut nous séparer. Que dieu nous enlève ensemble,