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est arme' d’une lance légère, à la pointe de laquelle est attaché un nez
mobile qui sert à tirer les cornes du gibier et principalement celles des
boeufs sauvages. Lorsque l’animal est ainsi attaché, le chasseur descend de
chevalet l’achève avec sa lance.
La chasse est suivie à Java avec moins d’ardeur et d’intelligence. Le
gibier peut fuir au milieu des plaines immenses de la partie centrale
de cette île, qui est excessivement cultivée et peuplée, il cherche un
asyle dans les montagnes où l’on ne peut le poursuivre. Cependant la
chasse fait une partie de l’amusement des habitans. Dans les districts
mal peuplés des extrémités orientales et occidentales de l’île, la chasse
se fait à cheval comme à Célèbes, mais les bêtes fauves et les sangliers
sont plutôt obsédés que poursuivis, ils sont entourés d’une multitude
de paysans asseiñblés à cet effet, et de chiens qui aboient;on les détruit
avec des coutelas.
CHAPITRE XII.
Des Habitations et Ameublemens.
L’habitation d’un paysan de Java peut coûter quatre roupies, (moins
de 12 francs ) la place qui sert de lit est un peu élevée au-dessus du
sol. Les parois et les compartimens sont construits de bambou tressé,
le toit est fait de feuilles lancéolées de Nipa ou d’une espèce de
Bambou Sirap. Les chefs de la famille ont un logement d’un côté, les
enfans sont loges vis-à-vis. La lumière entre par la porte, les fenêtres
ne sont pas indispensables. Il y a une varangue sur toute la longueur
de la façade. C’est là que les femmes s’adonnent à leurs occupations
domestiques.
Les maisons des chefs ont cinq à six chambres ; les supports sont
de bois. La valeur vénale d’un semblable édifice peut monter à 60
dollars ou environ 3oo francs.
d e s h I b i t a t io n s . 5 q
Il n’y a que les Chinois qui occupent des maisons de brique, ainsi
l’on peut distinguer facilement leurs campongs ou bourgs, de ceux
des Javanais.
Lés habitations rurales ne sont jamais isolées : on a soin de les
agglomérer en villages dont l’étendue varie en raison de la fertilité
des environs, et surtout de l’abondance des eaux, caries mahométans
se lavent plusieurs fois par jour. La population d’un village n’est guè-
fes moindre de 5o habitans et n’excède pas 200.
Les villages sont plantés d’arbres utiles, et se trouvent tellement
cachés sous le feuillage de la plus belle et de la plus épaisse végétation,
qu’à une très-faible distance au dehors, on n’apperçoit que des amas
de verdure de la plus grande fraîcheur. Le voyageur en parcourant
l’île de Java se croit dans une solitude parsemée de bosquets délicieux.
Les rizières sont plantées à l’extérieur ; leurs irrigations forment des îles
innombrables ; lorsqu’elles sont mûres, l’éclat jaunissant de ces cultures
surpasse la magnificence de nos plus riches moissons d'Europe.
Chaque village, forme une communauté qui a ses fonctionnaires et
ses prêtres ; quelquefois il y a un temple. On retrouve dans les communes
rurales de Java le régime patriarchal dans toute sa simplicité.
Dans les villes, il y a une grande place carrée totalement ouverte :
la mosquée est bâtie d’un côté, la demeure du chef est de l’autre. Les
villes de J ava ne diffèrent guères des villages, que par leur plus grande
étendue, parce que chaque maison est entourée d’un jardin qui en dépend.
Les grandes villes sont remarquables.par leur propreté et leur régularité.
Le palais du monarque est appelé Kadaton ou Kraton, contraction
de Ka-datu-nan, (demeure du prince); la partie intérieure est nommée.
Dalem. Le Kraton est au dehors un vaste carré de hautes murailles
semblables a nos remparts : des canons les défendent, un fossé est
alentour.
; Devant le coté principal, il y a un grand espace vide, terminé par des
barrières, c est l’alun alun. Le circuit du Kraton du sultan de Yugyakarta