
une population d’environ quatre millions, huit cent mille habitans. Des ruines
aussi magnifiques que celles de Rome et du Latium y attestent en plusieurs
endroits une haute et antique civilisaion.
Peu de tems après la publication de l ’histoire de Java, parut celle de l ’archipel
indien par Mr. Crawfurd, ancien résident ( ou préfet ) anglais â la cour
du sultan de Java; ce savant, l ’ami, le collaborateur et le subordonné de
Mr. Raffles confirme dans son ouvrage l ’exactitude des récits de ce dernier ; il
nous fait connaître que l ’île de Sumatra, plus étendue que Java, pourrait
être encore d’une plus grande importance ; que Bornéo, située non loin de
ces deux îles est aussi vaste que le Royaume de France, elle parait offrir
le même degré d’intérêt quo Java et Sumatra; les Célèbes et les Moluques
sont des jardins délicieux situés au pied de plusieurs volcans brulans,
tout 'y rappelle le souvenir des rives enchanteresses des environs de Naples.
Plus an nord, les îles Manilloa, soumises aux Espagnols, présentent au
commerce européen et entr’autres à celui de la France* des ressources
nouvelles et inépuisables.
Enfin, aux dernières limites des contrées tempérées de l’Asie, entre les latitudes
de la Syrie et de Constantinople, les Hollandais ont conservé le monopole
du commerce au Japon : aucune autre nation européenne ne peut pénétrer
dans cet empire, les Anglais eux-mêmes ne parvinrent à s’y maintenir
pendant l ’occupation militaire de Java, que sous l ’ancien pavillon hollandais.
Telles sont les contrées que nous nous proposons de faire connaître. Notre
ouvrage sera Utile aux savans, aux négociants et aux navigateurs des Pays-
Bas , de la France, et de l’Europe entière.
Cependant l'histoire de Mr. Raffles offre beaucoup de détails purement
administratifs, ainsi que plusieurs glossaires et des fragmens de poésies qui
sortent du cadre d’une relation, celle de Mr. Crawfdrd présente des répétitions
nombreuses dans l ’histoire de Java, nous avons pensé que nous pourrions
rendre un grand service au public, en opérant la fusion de ces deux
ouvrages en un seul volume in 4% et en traduisant par extrait tout ce qui n’est
-pas d’un intérêt majénr pbur la plupart des lecteurs, et comme Mr. Raffles
s’est récrié souvent contre de prétendus abus des administrations coloniales
hollandaises et que ses diatribes sont tellement exagérées qu’elles n’ont pas besoin
de réfutation, nous nous abstiendrons de les rapporter.
INTRODUCTION.
La vaste région du globe que les géographes européens ont appelée
archipel indien fut connue à peu près vers l’époque de la découverte de
l’Amérique. X’Europe faisait indirectement un commerce considérable
avec ees contrées, depuis l’antiquité la pins reculée, mais leur nom n’était
pas encore connu en Occident. La découverte de cet archipel peut être
comparée sous plusieurs rapports a celle de l’Amérique ; il est inférieur
à l’Amérique par son étendue, mais la singularité, l’utilité, la variété et
1 abondance de ses productions vegetales et animales, la civilisation et le
nombre deseshabitansluidonnent unegrande supériorité sur l’Amérique.
Je vais faire succinctement la description de ces contrées.
L’archipel indien est le plus considérable du globe, tant par le nombre
de ses iles que par son étendue; il embrasse environ quarante degrés de
longitude sous l’équateur et environ trente degrés de latitude depuis le
19e paral-lele boreàl jusqu’au 1 16 parallèle austral sur une surface de 4’/.
milliers a 5’/a milliers de milles géographiques. Il est placé entre l’Asie
et la nouvelle Hollande. Sa civilisation se rapproche de celle de l’Asie,
son extrémité orientale nest eloignee de la Chine que de trois journées
de navigation, son extrémité occidentale est séparée de l’Arabie par un
espace maritime que l’on traverse en trois semaines. Un navire peut
arriver en dix jours de la Chine à Java et en quinze jours de Java au
Bengale. La plus courte traversée de Java aux côtes d’Europe peut sè faire
en quatre-vingt-dix jours, la durée de la traversée est encore plus courte
lorsquon se rend aux États-Unis d’Amérique, à cause des vents d’ouest
que l’on rencontre vers le 3j e parallèle nord.
L archipel indiencontient troisiles quej’appellerai depremière grandeur
a cause de leur étendue, Bornéo, la nouvelle Guinée et Sumatra; une de
second rang, celle de Java; une presqu’île du premier rang, celle de
Malaccà; trois îles de 3e rang, Celles de Célèbes, dé Luçonet Mindanao.
L etendue de chacune des îles que je viensde nommer est supérieure aux
plus grandes îles de l’Amérique. Parmi celles du 4e rang les principales
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