
Le Ricinus ou Palm a Christi appelé Jarak, croît abondamment sur
les cotes de Java et de Sumatra. C’est la seule plante qu’on mêle dans
les champs avec les autres plantes, on en extrait de l’huile à brûler.
La meilleure huile commestible provient du Kanarium (dioec. pent.)
Ce grand arbre porte un fruit oblong qui ressemble à la noix de nos
vergers, l’amande de sa drupe a le goût de la noisette et donne en
abondance une huile que Ion préféré à celle de coco. Le kanarium est
originaire des contrées ou l’on trouve le sagou, il a été importé à Célèbes
et à Java par le commerce
Sagou ( Metroæjlum Sagou ) est originaire des îles orientales de
l’archipel indien, c’est un des plus humbles végétaux de la famille des
palmiers. Sa hauteur n’excede point trente pieds : avant que sa tige soit
parvenue a cinq ou six pieds d’élévation, elle est couverte d’épines
aiguës qui la défendent contre les animaux sauvages ; ces épines tombent
lorsque la plante est plus grande. Elle renferme une matière médullaire,
spongieuse qui occupe un volume considérable et que l’on mange : c’est
le pain des insulaires de cette partie du monde. Ce végétal dont la durée
n excede pas trente ans, croît dans les lieux marécageux ’ et dans les
fondrières. Il n’y en a qu’une seule espèce subdivisée en quatre variétés,
savoir : le sagou cultivé, sauvage, à longues épines, et sans épines, cette
derniere variété est appelée Sagou femelle, la première et la quatrième
produisent la meilleure moelle. La 3e est la moins estimée.
La forme du fruit varie et ressemble quelquefois à une prune et
souvent à un oeuf. Il y a d’immenses forêts de sagou dans J ’île de
Ceram. Il n’est pas indigène à Java.
La moelle de sagou broyée dans un mortier, se pulvérise aisément
en farine.
Nous avons donne des détails sur la culture du riz, nous devons
par conséquent décrire celle du sagou, qui est le principal aliment
des îles ou la mousson d’ést a le plus de violence et d’humidité.
Ce végétal ne parvient à sa maturité qu’après quinze ans de crois-
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sance. On fait un trou pour reconnaître si la moelle est mûre. On
coupe l’arbre près de sa racine, on partage le tronc en pièces d’environ
six pieds de longueur, on les fend en deux parties. On extrait la moelle
avec un bambou ou un morceau de bois dur et on la réduit en poussière
comme de la sciure de bois; pour en séparer les filamens on
mêle cette poussière dans de l’eau, la liqueur est tamisée, on la transvase
deux-à trois fois et la farine se précipite; lorsqu’on veut conserver
cette farine, on en fait des gâteaux dans des moules de terre, qui ont
été chauffés, on donne le plus souvent à ces moules la forme oblongue
d’une canne, c’est sous cette forme qu’on vend le sagou sur les marchés,
on le broie pour lui donner l’aspect de la graine de coriandre, lorsque
cette farine, est destinée â l’exportation. Pour la consommation, on la
mêle avec de l’eau et on en fait une bouillie ou panade. La meilleure
farine de.sagou est inférieure aux denrées céréales, de l’aveu même
des personnes qui en font leur principale nourriture.
Le tronc de ce palmier sert à la construction des maisons, des ponts
et des ustensiles, ses branches sont profondement canelées ainsi que
la tige, on en fait des pieux et des clôtures. Ses feuilles servent à la
toiture; le résidu de sa moelle nourrit les porcs; entassé en monceaux,
il y croît une espèce de champignon mangeable, ainsi qn’un ver blanc
à tête noire que l’on assure être d’un goût-exquis.
Nous sommes entrés dans ces détails parce que ceux donnés par
Rumphius et Valentyn sur cette intéressante denrée, se ressentent du
peu d’exactitude qu’on trouvait autrefois dans les ouvrages d’histoire
naturelle. Nous terminerons en faisant connaître qu’un seul palmier
de sagou produit cinq à six cents livres de farine. Ainsi en supposant
leur plantation à dix pieds de distance, un acre anglais contiendrait
435 palmiers, qui donneront 217,500 de farine, ou environ 14000
livres par an.